DANSE INTENSE
★★★ VALSE FAUVE, de Pénélope Rose, Plon, 272 p., 20 €.
Rose n’a aucune envie d’aller au bal : elle n’est pas « une cocotte » ! À 19 ans, ce garçon manqué au verbe haut en couleur a bien d’autres ambitions que de se trouver un mari parmi le peu d’hommes qui restent encore au village – « des vieux ou des estropiés » – depuis l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. D’ailleurs, cette guerre, elle n’y croit pas. Mieux : elle n’y pense même pas. Elle, elle rêve de partir reprendre la ferme de son oncle dans le Sud. Pourtant, à peine entrée dans la salle de bal, tout son être est attiré par André, le « Petit Vannier », qui, assis à côté de l’orchestre, semble jouer d’un accordéon imaginaire. Rose s’approche, engage la conversation, tombe amoureuse. Rendez-vous nocturnes sur le toit de l’église, goûters du dimanche dans l’atelier d’André, promesse commune d’aller sur la Lune… Jusqu’au jour où André l’emmène dans un orphelinat pour lui présenter Michèle, l’enfant qu’il a eu hors mariage avec une violoniste « folle ». Rose s’éprend immédiatement – viscéralement ! – de la fillette : « J’étais, à la seconde où ses yeux ont croisé les miens, devenue sa mère. » Rose et André se marient, emménagent avec Michèle : la vie n’est que rires et bonheur. Puis les « salauds » débarquent en France, et André part rejoindre les « insurgés » : dans le village occupé, Rose est désormais seule pour protéger leur fille.
Poétiques, rayonnants et fougueux comme les sentiments que Rose porte à Michèle et André, les mots fusent et illuminent chaque page de ce roman étonnant.
Ni la guerre ni l’ennemi n’ont de nom dans cette histoire – ils n’en valent pas la peine. Seuls comptent le courage, le coeur et l’espoir d’une femme qui, emportée par l’intensité de son amour, parvient non seulement à triompher des tourments de l’Histoire, mais à accomplir son propre destin. Comédienne, réalisatrice, scénariste, musicienne, il ne manquait à Pénélope Rose que la littérature comme flèche à son arc artistique : sa magnifique
Valse fauve s’inscrit superbement dans le paysage littéraire et fait danser la rentrée.