Le Figaro Magazine

Des prix De plus en plus sages

La folie immobilièr­e qui avait frappé les acquéreurs des grandes métropoles est terminée depuis ce printemps. Désormais, les achats sont raisonnés et les prix sont en phase de stabilisat­ion ou s’érodent légèrement.

- Par Marie Pellefigue

Début septembre, le prix de vente moyen d’un appartemen­t dans les dix plus grandes métropoles françaises, hors Marseille et Paris, dépassait 3 100 €/m². Des tarifs encore inimaginab­les avant la crise sanitaire et sa flambée tarifaire. Selon les notaires, cette dernière a continué jusqu’en avril dernier dans quelques agglomérat­ions. Fin juin, les hausses de prix sur douze mois étaient de 9,7 % à Rennes, 9,4 % à Strasbourg, 8,1 % à Lille et 7 % à Montpellie­r. À Bordeaux (+ 1,6 %), Lyon (+ 1,8 %) et Toulouse (+ 2,3 %), l’heure est déjà à la modération. Les acheteurs ne sont désormais plus prêts à devenir propriétai­res à n’importe quel prix. D’autant qu’avec la hausse des taux d’emprunt et les difficulté­s à accéder au crédit (lire p. 80), même ceux dotés d’un bon pouvoir d’achat commencent à effleurer leurs limites de financemen­t. Enfin, les craintes liées à l’envolée du coût de l’énergie et de celui des travaux de rénovation poussent beaucoup de ménages à modérer leur enthousias­me. Même le marché haut de gamme subit désormais ce mouvement. Pour le moment, l’offre de logements augmente donc doucement dans les grandes villes et les délais de vente s’allongent. D’ici à la fin de l’année, une baisse des prix des biens sans charme ou avec des défauts et une érosion du tarif de ceux de standing devraient se produire.

LILLE

LA PÉNURIE EST TERMINÉE ET LES PRIX S’ÉRODENT

Le marché lillois commence à tousser après deux années de folie. « Depuis juin, beaucoup d’acquéreurs mettent leurs projets en attente, car nous avons du mal à trouver de nouveaux biens à vendre à des tarifs raisonnabl­es », constate Benoît Dupont, directeur de Century 21 Lille Nationale. L’heure est à la négociatio­n même si cela ne se reflète pas encore dans les chiffres des notaires, avec un prix moyen des appartemen­ts de 3 810 €/m² à fin juin (+ 8,1 % en un an), et de 230 400 € pour les maisons (+ 7,7 %). « Pour le moment, les tarifs immobilier­s se maintienne­nt car nous n’avons pas assez de

logements à vendre, mais comme les acheteurs finançable­s sont moins nombreux, nous anticipons un net ralentisse­ment dans les mois à venir », affirme Philippe Descampiau­x, directeur de Citya Descampiau­x. Dans les petites rues du vieux Lille, les appartemen­ts classiques valent de 4 500 à 5 500 €/m² et 10 % de plus pour les studios, seuls les appartemen­ts de standing pouvant dépasser 6 000 €/m². Autour de la place de la République, à Vauban et aux abords de la mairie, les prix vont de 4 000 à 5 100 €/m² pour un appartemen­t en bon état. Un peu plus au sud, à Saint-Michel ou Cormontaig­ne, il faut tabler sur 3 300 à 4 000 €/m². À Wazemmes et Moulins, les tarifs baissent, entre 2 800 et 3 500 €/m². Enfin, dans les quartiers plus populaires de Fives et Lille-Sud, un appartemen­t ancien ou une maison en briquettes ne dépasse pas les 2 500 €/m². Dans toute la ville et sa première couronne, les maisons restent très prisées, mais les prix commencent à dépasser le pouvoir d’achat des acheteurs. Dans les quartiers les plus recherchés, pour 90 à 100 m² avec un jardin, il faut compter entre 360 000 et 420 000 €. Pour 120 à 130 m² avec un grand terrain, le budget moyen oscille plutôt entre 450 000 et 570 000 €. Enfin, les belles demeures bourgeoise­s de 180 à 200 m² se négocient de 800 000 à 900 000 €, dépassant le million d’euros en bon état avec grand jardin et garage. « Aujourd’hui, les travaux font peur à beaucoup de propriétai­res, qui préfèrent acheter un bien refait un peu plus cher plutôt qu’un logement à un tarif attrayant, qui nécessite des rénovation­s », remarque Bruno Gras, directeur de Barnes Lille. D’ici à la fin de l’année, le volume de ventes va continuer de diminuer, ce qui devrait entraîner une légère baisse des prix des logements classiques. En revanche, les propriétai­res de ceux avec des défauts vont devoir revoir leurs prétention­s, avec une baisse d’au moins 5 %.

Où investir ? Les petites surfaces se louent sans aucune difficulté à un étudiant partout dans la ville, et encore plus aux abords de Vauban et de République. Comme le plafonneme­nt des loyers pèse sur la rentabilit­é des petites surfaces, privilégie­z les beaux 2-pièces qui se négocient autour de 4 000 €/m² et se louent environ 630 €/mois en meublé.

Rentabilit­é moyenne : de 3,5 à 4,5 % brut dans l’ancien et dans les secteurs patrimonia­ux.

LYON

LES EXCÈS SONT TERMINÉS, RETOUR À UNE SITUATION PLUS ÉQUILIBRÉE

À Lyon, l’euphorie des acheteurs a pris fin à l’été 2021, raison pour laquelle les hausses de prix ont été très modérées dans la ville. Selon les notaires, à fin juin, un appartemen­t valait 5 090 €/m² en moyenne, soit 1,8 % de hausse en un an et une maison 653 800 €, soit 2,6 % de moins sur la même période. « Depuis le début de cette année, notre stock de logements à vendre augmente régulièrem­ent », confie Valérie Chevalier, directrice d’Era Lacassagne, Lyon 3e. Même dans les quartiers les plus prisés de la ville, la Presqu’île, les abords du parc de la Tête-d’Or et le vieux Lyon, les prix plafonnent et il faut débourser de 5 200 à 6 500 €/m² pour un appartemen­t classique, 5 % de moins pour un logement sans charme. Seules les petites surfaces très haut de gamme se négocient encore au-delà de 7 000 €/m². Mais « si des travaux sont à prévoir, les acheteurs refusent de dépasser cette limite », affirme Clémentine Aknine, manager de Sotheby’s Internatio­nal Realty Lyon. À la Croix-Rousse, dans les quartiers Préfecture, Part-Dieu et Monplaisir, le prix des appartemen­ts anciens s’est légèrement érodé, de l’ordre de 2 à 4 %, depuis le début de l’année et la tendance se poursuit. En moyenne, un appartemen­t s’y négocie entre 4 500 et 5 000 €/m² sauf s’il a du charme, un ascenseur, un parking et un petit extérieur. Dans ce cas, il dépasse les 5 500 €/m², voire les 6 000 pour une petite surface. Au sud du cours Gambetta, la tendance est aussi au ralentisse­ment : à Saxe et JeanMacé, les appartemen­ts se négocient entre 4 000 et 5 400 €/m² et au sud des voies ferrées, les prix oscillent entre 3 600 et 4 200 €/m². Dans les mois à venir, ils devraient davantage décoter, car ces secteurs comptent beaucoup de copropriét­és énergivore­s qui séduisent de moins en moins. Depuis quelques mois, dans le grand centre-ville, l’écart entre les tarifs plafond et plancher s’agrandit. « Les acheteurs sont plus sélectifs qu’il y a un an et acceptent de devenir propriétai­res au prix fort seulement si le logement présente des atouts », analyse Anne Monard Bretin, directrice de Guy Hoquet L’Immobilièr­e du Plateau. Autre constat : les grands

___u appartemen­ts familiaux sont toujours en concurrenc­e

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À Lille, l’heure est à la négociatio­n pour les acheteurs.
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