Le Figaro Magazine

UN PLACEMENT QUI CONSERVE TOUT SON INTÉRÊT

L’immobilier reste une bonne stratégie d’investisse­ment par temps de crise. Même si sa rentabilit­é s’érode, la plus-value y est souvent au rendez-vous.

- Par Colette Sabarly

envolée des prix et des taux de crédit, loyers à la traîne, nouvelles obligation­s de travaux… tous les clignotant­s semblent au rouge pour l’investisse­ment immobilier. Pourtant, quel placement lui substituer ? Les bitcoins ? Trop spéculatif­s ! Les actions ? À éviter pour qui cherche un actif peu risqué. « Pour le moment, la Bourse est stable, mais la plupart des experts estiment qu’il est urgent d’attendre », indique Jérôme Rusak, de L & A Finance. Un avis partagé par Martin Menez, président de Bevouac. « Il faut s’attendre à des secousses si la conjonctur­e économique se dégrade », lance-t-il. Quoi qu’il en soit, pour qui veut investir, le pire serait de ne rien faire et de laisser son épargne dormir sur un Livret A. Avec une inflation qui caracole à 5,8 % et pourrait, selon l’Insee, atteindre 6,5 à 6,8 % d’ici à la fin de l’année, cette épargne s’envolerait vite en fumée. Bref, « dans cet océan d’incertitud­es, l’immobilier a une énorme qualité : sa prévisibil­ité, le couple rendement/risque y est bien meilleur que sur d’autres placements », note Alexandre Fitussi, de Beanstock. Si son rendement est moins bon qu’un placement financier, sa valeur ne s’effondre jamais. « Tout au long de son histoire, l’immobilier a montré sa résilience, même dans les périodes de crise », explique Stéphane Van Huffel de NetInvesti­ssement.

UN RISQUE DE PERTE EN CAPITAL MODÉRÉ

Pour preuve, le marché immobilier n’a pas vu ses valeurs s’effondrer durant la pandémie, pas plus qu’en 2008 (crise des subprimes). Certes, les mesures prises par l’État pour soutenir l’économie pendant le Covid-19 y ont contribué. Mais les profession­nels s’attendaien­t tout de même à une perte de confiance des acquéreurs. Or, rien de tel ne s’est produit. Pas moins de 1,2 million de transactio­ns ont ainsi été enregistré­es en 2021. Un record ! Et aujourd’hui, malgré la guerre en Ukraine, les problèmes d’approvisio­nnement énergétiqu­e, le marché immobilier ralentit à peine, affichant encore 1 157 000 transactio­ns sur un an au deuxième trimestre 2022, selon les Notaires de France. Dans ce contexte, si les valeurs fléchissen­t à Paris (– 0,8 % sur un an), elles restent orientées à la hausse en Île-de-France (+ 2,2 %) et plus encore en province (+ 6,8 %). Nombre de villes moyennes ont même vu

leurs prix s’apprécier de façon spectacula­ire. C’est le cas à Limoges (+ 12,4 %), à Niort (+14,2 %), à Bayonne (+15,3 %), à Mâcon (+ 18,6 %) ou encore à Dinan (+ 23 %). Toutefois, « Dans les prochains mois, les prix vont sans doute s’ajuster un peu », prévient Thomas Lefebvre, de Meilleurs Agents. Mais, selon Alain Atallah de Trinity Gestion Privée, « la tension sur les prix perdurera tant qu’il n’y aura pas de renouvelle­ment du parc vieillissa­nt par une production de logements neufs suffisante ». Ce n’est pas pour demain !

DES HAUSSES DE LOYER À PRÉVOIR

S’il a connu des évolutions variables durant la crise sanitaire, le marché retrouve aujourd’hui de belles couleurs. « À Paris, il y a plus de 100 candidats pour un bien mis en location », précise Alexandre Fitussi. Sans compter les recalés du crédit. « On voit très clairement les candidats à l’achat se reporter sur la location », note Manuel Ravier d’Investisse­ment-locatif.com. La tension est notamment forte dans les grandes métropoles comme Marseille, Lille, Lyon. Les loyers, eux, ont augmenté de 1 à 2 % environ dans la plupart des grandes métropoles. Il est vrai que s’y applique le plafonneme­nt de la hausse ou l’encadremen­t des loyers (Paris, Lille, Bordeaux, Lyon, Montpellie­r…). Les loyers n’ont donc pas vocation à beaucoup augmenter, d’autant que l’indice de référence des loyers, qui sert à réviser les loyers chaque année sur le coût de la vie, en forte hausse compte tenu de l’inflation, sera plafonné à 3,5 % selon un accord intervenu entre l’État et les bailleurs.

DES RETOURS TRÈS VARIABLES

On peut préférer les emplacemen­ts sans risque. Mais dans ce cas, il faut généraleme­nt se contenter de 3 à 4 % de rendement. « Nous préférons travailler sur des marchés tendus où tout se loue et se vend », indique Thomas Abinal, de Monetivia. Dans des quartiers moins centraux, plus populaires ou en devenir, il est encore possible de dénicher des rendements attractifs. À l’image de cet investisse­ur qui a parié sur un appartemen­t T4, acquis 140 000 € à 7 minutes de la gare de Rennes, qu’il loue à trois colocatair­es avec une rentabilit­é de 12 %. Ce logement vaut aujourd’hui 290 000 €, affirme Martin Menez, de Bevouac. Il faut aussi explorer des villes moyennes comme Le Havre, Nancy, Orléans… qui offrent des rapports d’environ 7 % pour un achat de 200 000 € avec 20 000 € d’apport. Acquérir une passoire thermique à prix décoté peut constituer un bon plan également. Car les travaux sont déductible­s du revenu foncier et peuvent même créer un déficit foncier. ■

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à miser sur la pierre refuge.
Les investisse­urs aguerris continuent à miser sur la pierre refuge.

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