NICOLAS D’ESTIENNE D’ORVES ESPRIT GAULOIS ET GOÛT FRANÇAIS
L’écrivain que l’on surnomme NEO publie un « Dictionnaire amoureux du mauvais goût ». Un ouvrage savoureux, fort en bouche, d’où émane un parfum d’interdit : celui de la liberté.
C“Le Français aime à se soûler de vin comme de mots, sans toujours équilibrer les deux”
omment nicolas d’Estienne d’Orves, ce garçon de si bonne famille, possédant le sens de l’humour et de la repartie, l’instinct du comique et la perception du tragique, cultivé sans être cuistre, a-t-il pu devenir celui qu’il est aujourd’hui ? C’est-à-dire un homme qui s’habille de toutes les couleurs, de préférence criardes, genre toucan sur sa branche, mélange étoffes et motifs, porte barbe et couvre-chef façon Brigades du Tigre. Un homme qui, en cette époque de véganisme, se nourrit de tripes et d’abats, de nuggets de poulet McDo et de bonbons Haribo – « la salade, dit-il, non merci » –, le tout arrosé de lampées de pic-saint-loup, AOC du Languedoc qui titre à 14 degrés. Un homme, encore, qui fréquente l’enfer des bibliothèques, se délecte des écrivains maudits ou collabos, et se passionne pour les nanars du cinéma des années 1970. Autrement dit : comment cet homme-là peut-il avoir ce goût-là ?
La réponse, très argumentée, se trouve dans son Dictionnaire amoureux du mauvais goût. il faut se plonger dans cet ouvrage désopilant, où les plaisanteries de corps de garde, l’esprit de calembour, la poésie grivoise, sans oublier l’humour basde-plafond, alternent avec les considérations métapolitiques et les réflexions sur l’esthétique contemporaine. « C’est sans doute, dit-il, celui de mes livres où je me dévoile le plus. Un autoportrait en creux, en somme. » nEO aime la fantaisie en toutes circonstances et considère qu’il faut rechercher les beautés de l’existence. Parce qu’il est un être de liberté et qu’il ne transige pas avec celle-ci, il a rédigé, à la façon d’une farce de collégien, une formidable charge contre le wokisme, doctrine qui conduit à sans cesse décréter, interdire et punir. On sait que le ridicule ne tue pas – pas plus que le mauvais goût. Avec d’Estienne d’Orves, le goût n’a pas besoin d’adjectif : enfant de la gauloiserie, il ressemble à s’y méprendre à l’esprit français.