Vivre et Laisser souffrir
Un bon chrétien est-il un chrétien mort ? Telle est la question que la parution récente d’un Index mondial de la persécution des chrétiens 2023
suggère. Cette recension nous apprend que le nombre de pays où l’on tourmente les fidèles du Crucifié
« a presque doublé en trente ans ». La nature de leur tracas nous y est également contée : meurtres, viols, enlèvements, discriminations, oppressions, exclusions…
Tout cela est mal, c’est entendu ; il convient de s’émouvoir. Mais, une fois cela dit, on n’a encore rien dit, car en cette matière, la seule question qui vaille est celle qui n’est jamais posée : être chrétien, n’est ce pas nécessairement être persécuté ? Du moins si l’on en croit le Christ qui avait clairement annoncé la couleur : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis en vous tirant du monde, à cause de cela le monde vous hait »
(Jean 15, 18-19).
Cette haine est entièrement compréhensible. Qui pourrait accepter une telle remise en cause de son être profond sans réagir ? Une telle mise en question est ipso facto une mise en crise. Et, qui la met en oeuvre ne peut s’attendre à aucune bienveillance. D’où les tourments nécessairement dévolus au chrétien conséquent. Malheur à celui par qui le scandale arrive, dit-on. Certes. Mais un plus grand malheur encore est promis au chrétien par qui il n’arrive pas : cela signifierait qu’il a cessé de l’être. Donc, de son point de vue, qu’il a cessé d’être.