TOUT SIMPLEMENT DRÔLE
Après « Tout simplement noir », revoilà Jean-Pascal Zadi dans une série politique sur Netflix : « En place ». Un régal.
La politique est une chose trop sérieuse pour ne pas donner naissance à des films ou des séries cocasses – en apparence. Prenez En Place, signée Jean-Pascal Zadi et François Uzan (sur Netflix), qui dit des choses justes et profondes enveloppées dans une fine gaze de drôlerie et d’insolence.
Le scénario ? Stéphane Blé (déjà, le nom…) est un éducateur de Seine-Saint-Denis qui se met en quatre dans son quartier pour empêcher (souvent en vain) les jeunes de mal tourner. Croisant un candidat à l’élection présidentielle en campagne au pied des tours de HLM de sa ville, il l’interpelle et lui lance quelques reproches bien sentis et bien tournés qui font le buzz – la séquence était filmée. Des télés s’amusent à mesurer sa popularité, il est crédité d’un score prometteur, ses amis, les dégoûtés de la politique classique et des « barons noirs » intéressés, l’excitent un peu et hop ! le voilà propulsé dans la course à l’Élysée. Mieux : rattrapés par leurs turpitudes, ses adversaires abandonnent tour à tour et voilà notre Blé Noir au second tour face à une candidate Verte aussi siphonnée que ces écologistes qui hantent dans la vraie vie les plateaux de BFM ou LCI en mesurant l’empreinte carbone de chaque parole ou chaque geste de leurs interlocuteurs (indice : elles portent parfois le même nom qu’un philosophe humaniste qui traitait mal ses enfants).
À peu près tout est loufoque et improbable dans cette histoire, mais l’important, comme la vérité, est ailleurs : dans la liberté de ton hilarante des six épisodes de cette série qui n’est pas woke pour deux sous et regorge, sur la banlieue et ceux qui l’habitent mêmement que sur ceux qui prétendent nous gouverner, de scènes et de répliques dignes de nos chouchous Gaspard Proust et Sandrine Sarroche (que nous saluons au passage pour ses chroniques sur RTL, dont nous continuons à espérer qu’elles se multiplieront par trois un jour). Bien entendu, les prestations désopilantes d’Éric Judor et Marina Foïs ne sont pas pour rien dans cette affaire très réussie qui pourrait bien se prolonger si une majorité de téléspectateurs le pense aussi. Vite, un référendum !