Alexis HK : “bobo”, mais pas trop
Il est loin le temps des Ferrat, Ferré ou Brassens dont les chansons portaient un message sociopolitique. La variété française s’est depuis assagie. Même le rap, autrefois animé par un discours tranchant, s’est affadi ! Dans ce paysage, Alexis HK fait donc figure d’oiseau rare. Observateur attentif de ses contemporains, cet auteur-compositeurinterprète s’amuse à nous croquer dans des textes ciselés qu’il déclame parfois à la manière d’un slam. C’est souvent drôle, parfois cinglant et tout le monde en prend pour son grade, les bobos comme les cathos. Son regard incisif sur nos habitudes nous tire de notre somnolence par un rire libérateur, et on y prend vite goût ! Son dernier spectacle, donné dans un Olympia archicomble, prend la forme d’une satire des tendances marketing « bien-être » du moment. La mise en scène est très soignée, pour mieux asséner quelques belles vérités. Alexis HK déambule sur une scène avec sa guitare comme s’il était dans son salon, s’assied ou s’allonge dans un canapé tout en continuant sa chanson… La technique est habile. Musicalement, il a l’intelligence de se cantonner à l’acoustique pour mieux mettre son texte en valeur. Et dans le public, on goûte ses mots et ses notes avec délectation. On rit de soi, grâce à une justesse de vue et une impertinence qui ne déborde jamais sur l’insulte. Alexis HK est assurément un joueur. Il reprend par exemple la Chanson pour l’Auvergnat de Brassens en substituant un mot par un autre, en créant des polysémies savoureuses. Il fallait oser détourner le grand Brassens, et le résultat est désopilant. Son nouvel album Bobo Playground *, sorti cet automne, est dans la même veine, avec cette plume acerbe, son goût pour les mots, les bons mots et des mélodies si agréables.
* Label La Familia. Tournée jusqu’au 26 mai.