CONSTANCE DEBRÉ, LA REBELLE DE LA RÉPUBLIQUE
Le nouveau roman de Constance Debré est très pénible à lire. Si ça continue, nous allons déposer un préavis de grève.
On peut être la petite-fille du rédacteur de la Constitution française et se raser la tête comme britney spears. Constance Debré a renié sa famille dans ses trois précédents livres. La démarche n’a rien de nouveau : « Familles, je vous hais ! » lançait Gide dans Les Nourritures terrestres en 1897. Dans Play Boy (2018), Constance Debré effectuait son coming out de lesbienne. elle y évoquait ses parents toxicomanes : en réalité, les premiers Debré déclassés. Love Me Tender (2020) prolongeait la coupure, notamment avec la maternité. Mme Debré y franchissait un tabou ultime : elle osait évoquer le désamour filial. son ex-mari l’empêchant de voir leur enfant, elle flirtait avec la folie, nageait tous les jours pour se muscler. Nom (2022) paracheva sa transmutation : cette fois, elle voulait qu’on ne porte plus le nom de ses parents (mais le livre était tout de même signé Debré), qu’on ne s’occupe plus de ses enfants. « Je suis contre le domicile, la nationalité, je suis pour la suppression de l’état civil. » On la lit avec une curiosité apitoyée pour savoir jusqu’où descendra le vilain petit canard de la grande famille de la république française. sur son nouveau livre, Offenses, il y a toujours son nom. Pourquoi ne prend-elle pas un pseudonyme comme Christine angot ? L’ancienne avocate raconte le meurtre d’une vieille dame par un jeune banlieusard, pour 450 euros. Mais elle ne tient pas longtemps sans revenir à elle : « La question de l’autre, c’est nous. » Zut, le tueur c’est moi ? Monsieur le juge, je vous jure que je suis innocent. Mme Debré s’empare d’un crime pour nous expliquer que nous sommes tous coupables ou complices parce que c’est la faute de la société injuste et violente. « Un homme doit payer pour tous les hommes » : bon sang mais c’est bien sûr ! Le tueur de la vieille, c’est le Christ. il s’est sacrifié pour nous.
Constance Debré me fait penser à Duras estimant le meurtre du petit Grégory « sublime, forcément sublime ». On croyait être débarrassé de la fascination bourgeoise pour les criminels. C’est la malédiction de Constance Debré : malgré tous ses efforts pour se libérer, elle reste un cliché. elle cherche à choquer en insistant sur les détails du meurtre ; sa description de « la vieille »
est franchement dégueulasse. en réalité, elle répète la provocation de Genet dans Notre-Dame-des-Fleurs
(écrite à la prison de Fresnes en 1942) : « Je veux chanter l’assassinat puisque j’aime les assassins. » Pardonnez-lui ses Offenses. Constance Debré a 80 ans de retard. Offenses, de Constance Debré, Flammarion, 122 p., 17,50 €.