Le Figaro Magazine

CONSTANCE DEBRÉ, LA REBELLE DE LA RÉPUBLIQUE

Le nouveau roman de Constance Debré est très pénible à lire. Si ça continue, nous allons déposer un préavis de grève.

- Le livre de frédéric beigbeder

On peut être la petite-fille du rédacteur de la Constituti­on française et se raser la tête comme britney spears. Constance Debré a renié sa famille dans ses trois précédents livres. La démarche n’a rien de nouveau : « Familles, je vous hais ! » lançait Gide dans Les Nourriture­s terrestres en 1897. Dans Play Boy (2018), Constance Debré effectuait son coming out de lesbienne. elle y évoquait ses parents toxicomane­s : en réalité, les premiers Debré déclassés. Love Me Tender (2020) prolongeai­t la coupure, notamment avec la maternité. Mme Debré y franchissa­it un tabou ultime : elle osait évoquer le désamour filial. son ex-mari l’empêchant de voir leur enfant, elle flirtait avec la folie, nageait tous les jours pour se muscler. Nom (2022) paracheva sa transmutat­ion : cette fois, elle voulait qu’on ne porte plus le nom de ses parents (mais le livre était tout de même signé Debré), qu’on ne s’occupe plus de ses enfants. « Je suis contre le domicile, la nationalit­é, je suis pour la suppressio­n de l’état civil. » On la lit avec une curiosité apitoyée pour savoir jusqu’où descendra le vilain petit canard de la grande famille de la république française. sur son nouveau livre, Offenses, il y a toujours son nom. Pourquoi ne prend-elle pas un pseudonyme comme Christine angot ? L’ancienne avocate raconte le meurtre d’une vieille dame par un jeune banlieusar­d, pour 450 euros. Mais elle ne tient pas longtemps sans revenir à elle : « La question de l’autre, c’est nous. » Zut, le tueur c’est moi ? Monsieur le juge, je vous jure que je suis innocent. Mme Debré s’empare d’un crime pour nous expliquer que nous sommes tous coupables ou complices parce que c’est la faute de la société injuste et violente. « Un homme doit payer pour tous les hommes » : bon sang mais c’est bien sûr ! Le tueur de la vieille, c’est le Christ. il s’est sacrifié pour nous.

Constance Debré me fait penser à Duras estimant le meurtre du petit Grégory « sublime, forcément sublime ». On croyait être débarrassé de la fascinatio­n bourgeoise pour les criminels. C’est la malédictio­n de Constance Debré : malgré tous ses efforts pour se libérer, elle reste un cliché. elle cherche à choquer en insistant sur les détails du meurtre ; sa descriptio­n de « la vieille »

est franchemen­t dégueulass­e. en réalité, elle répète la provocatio­n de Genet dans Notre-Dame-des-Fleurs

(écrite à la prison de Fresnes en 1942) : « Je veux chanter l’assassinat puisque j’aime les assassins. » Pardonnez-lui ses Offenses. Constance Debré a 80 ans de retard. Offenses, de Constance Debré, Flammarion, 122 p., 17,50 €.

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