À L’écoLe du courage
Certains gonflent leurs CV et s’inventent des vies qu’ils n’auront jamais. Et puis il y a les autres, ces artisans, ces soldats ou ces philosophes qui, très tôt, ont travaillé de leurs mains, se sont engagés pour combattre ou tentent inlassablement de réfléchir au monde qui les entoure.
Officier de marine, tailleur de pierre et charpentier à ses heures, homme de lettres, Benjamin Douteau est l’un d’eux et son livre
Anatomie du courage, un bréviaire nécessaire dans cette étrange période incertaine et floue, où la guerre en Ukraine et les tensions dans la zone indopacifique ont durablement déstabilisé un équilibre international plus fragile qu’on ne le pensait, aveuglés que nous étions par l’idée folle que l’Histoire était finie.
On dit souvent, comme Jules Renard, que
« le véritable courage consiste à être courageux précisément quand on ne l’est pas », ou, comme Vladimir Jankélévitch, que, si « avoir du courage est une chose, ne pas le perdre en est une autre ». Mais qui mieux qu’un militaire pouvait s’interroger sur sa matrice ?
« Longtemps associé à la figure du guerrier, le courage se forge dans le combat et le risque, la confrontation avec l’inconnu et la peur. En d’autres termes, précise Benjamin Douteau,
il s’agit d’accepter de se battre et de mourir pour des valeurs qui valent davantage que notre vie et doivent nous survivre. Mais il n’est jamais définitivement acquis », reconnaît-il en citant l’exemple d’un soldat très aguerri, pétrifié par le feu qui s’abat sur lui et ses hommes en Afghanistan.
Car il y a la posture et la volonté. L’image que l’on a de soi-même et la confrontation, parfois brutale, avec le réel qui fait voler en éclats tout ce que l’on croyait établi. Se posent alors de nombreuses questions auxquelles l’officier s’efforce de trouver des réponses. Comment concilier le courage physique et le courage moral ? Le confort hédoniste de la vie occidentale et le don de soi ? La force du collectif et l’isolement derrière un écran ? Le combat de haute intensité et les aspirations de la société civile ?