Le Figaro Magazine

L’immigratio­n, ce sujet qui assomme emmanuel macron

Pourquoi l’examen du projet de loi sur l’entrée, régulière ou clandestin­e, des étrangers en France a été repoussé sine die par le chef de l’État.

- La chronique de françois d’orcivaL

Discuter de l’immigratio­n après les retraites ? C’était prévu par le calendrier parlementa­ire ; on devait commencer par le sénat et aller ensuite à l’Assemblée. La discussion publique des sénateurs devait avoir lieu cette semaine, avant leur vote final, le 4 avril. Cela s’est évidemment révélé impossible, l’émeute ayant pris le dessus. Le président du sénat, Gérard Larcher, avait été le premier à le dire à Emmanuel Macron quand celui-ci l’avait invité à déjeuner avec Yaël braun-pivet, son homologue de l’Assemblée : le texte prévu est certes une réforme importante et même indispensa­ble, « parce que nos capacités d’accueil sont saturées », mais on ne peut le voter ni maintenant ni dans ces conditions. Le président de la république profite donc de son interventi­on télévisée du lendemain pour y renoncer. L’immigratio­n, on en parlera plus tard. Décaler, c’est ce qu’il a de mieux à faire. De combien ? De plusieurs semaines, dit-il, ce qui nous amène à l’été. si cette date n’est pas retenue, alors ce sera pour la rentrée. Mais la rentrée, c’est le budget, jusqu’à la fin de l’année. Et ensuite ? On préparera les élections européenne­s du printemps 2024, et on entrera dans les Jeux olympiques d’été… Autant dire qu’on ne sera plus dans les débats sur l’immigratio­n, dont le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, estime pourtant avoir bien besoin pour reprendre et compléter la loi précédente, celle du 10 septembre 2018, sur « l’immigratio­n maîtrisée » qui se sera révélée inefficace et bonne à refaire. Emmanuel Macron, que ce projet assomme – il pense à autre chose, au roi Charles iii qui doit venir à paris et qu’il n’a pas encore appelé pour différer sa visite, à son futur voyage à pékin où il entend parler de l’Ukraine –, se divertit en proposant une idée étrange : dans le nouveau texte qu’il imagine, il veut distinguer ce qui peut plaire à la gauche et ce qui peut être retenu par la droite. il suggère donc de réécrire le projet en plusieurs parties ; l’une sera gouverneme­ntale, les autres seront des propositio­ns de loi d’élus, tantôt de droite, tantôt de gauche. Mais de quelle gauche, et de quelle droite ? pour plaire à qui… « Des petits textes à la découpe ? » bondit bruno retailleau, le président des sénateurs républicai­ns qui ont voté le premier projet de loi après l’avoir fortement amendé : « On se moque de nous ! » On ne peut pas lui donner tort. L’immigratio­n n’est plus « maîtrisée » ; malgré tous les textes, elle a même explosé. Et il n’y a peut-être plus que des employeurs désespérés de trouver de la main-d’oeuvre pour souhaiter régularise­r la situation de ces étrangers en situation irrégulièr­e…

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