PARFUM D’INTERDIT
Il était temps. Certains restaurants sont désormais interdits aux enfants. Cela déclenche des cris d’orfraie. Le regretté Jean-Pierre Coffe avait initié le mouvement à La Ciboulette, son bistrot de luxe en face de Beaubourg. Les chiens n’étaient pas non plus les bienvenus. Quel repos ! Hélas, il n’y a plus de films interdits aux moins de 18 ans.
Que fait la censure ? Un délicieux parfum de clandestinité flottait dans les salles obscures.
Les lycéens rusaient pour aller voir Orange mécanique ou Le Dernier Tango à Paris. Ou alors il fallait être accompagné d’un adulte. Les plus audacieux trafiquaient leur carte d’identité.
Les fauchés se faufilaient par les sorties de secours. La morale avait encore droit de cité. L’Exorciste, Salò n’étaient pas à la portée de tous les regards.
La Grande Bouffe n’était pas faite pour les jeunes délicats. Tous ces titres sont devenus des classiques. Aujourd’hui, la plupart des longs-métrages devraient être déconseillés aux plus de 16 ans. Les superhéros méritent un public de cour de récréation. Leurs aventures durent beaucoup trop longtemps. Des indigestions de pop-corn sont au programme. Il paraît néanmoins que les gens ne veulent plus être enfermés dans le noir avec des inconnus. Des exploitants louent leur établissement à des groupes d’amis qui se retrouvent entre eux, comme dans leur salon. Vous parlez d’une communion. Quant à nous, bêtement, nous cherchons le DVD de Reuben, Reuben, avec Tom Conti en sosie de Bernard Frank. Le film n’est pas interdit. Il est introuvable. C’est pire.