Le Figaro Magazine

“ De toute façon, cette dissolutio­n, nous allons la faire Jacques Chirac

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Dans cette période où Emmanuel Macron cherche une issue à la crise politique, il n’est pas inutile de se repencher sur les jours qui ont précédé l’annonce de la dissolutio­n par Jacques Chirac, le 21 avril 1997. C’est l’un des passages les plus éclairants et intéressan­ts du livre de roland Cayrol, Mon voyage au coeur de la Ve République (Calmann-Levy). Patron de l’institut de sondages CsA, il est convoqué à l’élysée après avoir gagné un appel d’offres. L’idée des éminences grises de la rue du Faubourg-saint-Honoré est de tester la réaction des Français à la possibilit­é d’une dissolutio­n de l’Assemblée nationale. élu en 1995, Jacques Chirac a préféré conserver la majorité confortabl­e de droite issue des élections législativ­es de 1993. Mais celle-ci n’est pas commode, une minorité « balladurie­nne » lui menant la vie dure.

D’où l’idée de renvoyer les députés devant les électeurs et de revenir avec une majorité plus confortabl­e. séduisante sur le papier, cette stratégie n’est pas du tout comprise par les électeurs. Quand roland Cayrol revient devant Jacques Chirac, son premier ministre, Alain Juppé, et son secrétaire général, Dominique de Villepin, il leur explique que « les Français ne comprennen­t pas pourquoi le président dissoudrai­t une Assemblée qui le soutient ». Désappoint­é, l’hôte de l’élysée demande au sondeur de regarder plus spécifique­ment l’électorat de droite. Même incompréhe­nsion. « Merci pour votre travail, très éclairant. Nous mesurons bien les obstacles, mais la politique, c’est une prise de risques, assène Jacques Chirac, qui termine l’entretien : de toute façon, cette dissolutio­n, nous allons la faire. » La gauche plurielle, menée par Lionel Jospin, remporta le scrutin.

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