Les grandes erreurs de poLitique économique
L’histoire de l’économie mondiale est un long cheminement ponctué d’erreurs manifestes, nous dit Anne de Guigné dans Ils se sont si souvent trompés *. Voilà qui n’a rien de rassurant : l’économie a beau être érigée au rang de science, les dirigeants, par aveuglement, orgueil ou idéologie, se prennent inlassablement les pieds dans le tapis ! Et ce, depuis des siècles, démontre notre consoeur du Figaro. Ainsi, l’édit du Maximum, proclamé en 301 par l’empereur romain Dioclétien, qui ambitionnait de lutter contre l’inflation en fixant de façon autoritaire un tarif plafond pour des dizaines de biens et services. Rien de mieux pour tuer la confiance dans la monnaie et l’État, et creuser les déficits publics ! Ce qui n’aura pas empêché un bis repetita avec la loi du Maximum général de la Convention, en 1793 ; ou encore la décision du cabinet Blum de réprimer, en août 1936, la hausse injustifiée des prix… De l’impôt confiscatoire de Philippe le Bel à l’appétit pour la création monétaire illimitée du financier John Law (très écouté à la cour du Régent, en 1715) en passant par la fermeture institutionnelle de Venise aux nouvelles familles de marchands, en 1297, amorce du déclin de la cité des Doges, Anne de Guigné décortique les grandes erreurs économiques du passé. On s’étonne de l’entêtement de Churchill à vouloir surévaluer la livre britannique après la Première Guerre mondiale, provoquant la montée du chômage et la déflation.
On s’amuse de la peur de l’innovation du tsar Nicolas Ier qui, redoutant les vents révolutionnaires déferlant sur l’Europe en 1830 puis en 1848, voulut freiner l’expansion des usines dans son empire et refusa de prendre le tournant de la Révolution industrielle.
Nos dirigeants sont-ils plus éclairés aujourd’hui ? Anne de Guigné n’en est pas convaincue. Stigmatisant l’illusion du partage du temps de travail avec les 35 heures, ou encore l’austérité à contretemps imposée en Europe après le choc financier de 2008, elle s’inquiète aussi de la façon dont les États occidentaux, et notamment la France, ont traité la crise sanitaire de 2020, par une « quasi socialisation de l’activité » et un soutien massif des entreprises comme des particuliers à travers une politique expansionniste venue réveiller l’inflation, jusqu’ici endormie. D’où la nécessité du bouclier tarifaire, au coût « astronomique pour les finances de l’État ».