UNE ÉMOUVANTE DRÔLERIE

Portrait de Pierre Dac par Jacques Pessis

Jacques Pessis a plusieurs fois rendu à l’admirable Pierre Dac l’hommage qu’il mérite. Sur scène, par des livres, à la télévision : il est un de ceux qui le connaissent le mieux. Ce printemps, en ouverture à une exposition qui se tient jusqu’au 27 août au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, rue du Temple, à Paris, le portrait qu’il en fait est tout aussi drôle que son modèle, mais prend un ton plus grave par l’évocation de ses guerres exemplaires et du rôle de Pierre Dac dans la Résistance.

« Je porte en moi, confie-t-il, plus de 5 500 ans d’humour juif. Le peuple juif s’est constamment moqué de lui-même. »

« Mes 20 ans, dit-il encore, je les ai eus à 30 ans puisque à 20 ans j’étais sur les champs de bataille. » Trois blessures, cinq citations. La Première Guerre mondiale lui a enlevé son frère, mort pour la France à 28 ans. Pour la Seconde, il s’est engagé dans la Résistance, fut fait deux fois prisonnier en gagnant Londres, s’évada les deux fois. Sa réponse au collabo Philippe Henriot, qui prétendait qu’un juif comme lui ne pouvait pas aimer la France, donne encore le frisson. La gravité et la tendresse de Pierre Dac. Son humour prend, quand on sait tout ce qu’il a enduré, de la densité sans cesser d’être ce qu’il est : loufoque et léger. « L’humour, dit-il encore, est un énergétique qui permet de tenir le coup. »

Près de cinquante ans après sa mort, grâce notamment au travail de Jacques Pessis, l’humour de Pierre Dac et de ses successeurs nous permet encore de tenir le coup.

Pierre Dac, le parti d’en rire, de Jacques Pessis, France 5, vendredi 21 avril à 22 h 25.