VOSNE-ROMANÉE SORT DU BOIS
C’est dans cette vénérable appellation, que naît l’un des projets les plus radicaux du vignoble bourguignon contemporain.
Charles Arnoux-Lachaux aurait très bien pu se contenter de jouir de la notoriété naturelle des vins de son appellation et de l’ascension fulgurante du succès de ses crus suite à l’obtention du titre de meilleur vigneron de la planète, décerné en 2021 à l’occasion des Golden vines Awards. Âgé d’une trentaine d’années, il est le représentant de la sixième génération à se succéder à la tête de ce domaine de 15 hectares de vignes répartis sur 15 appellations de la Côte de nuits. Mais, à la façon d’un Géo trouvetou des vignes, il n’a eu de cesse de réinventer sa partition, délaissant le plus pur classicisme pour ce qui pourrait passer pour une performance de free jazz : abandon de la taille traditionnelle bourguignonne, retour au travail manuel, trois fois plus de personnel, pas de labour, baisse drastique des rendements… Malgré les apparences, aucune fausse note n’est à déplorer, avec des rouges toujours plus élégants et ciselés. dans un vignoble où la culture du fût n’est jamais remise en cause, ou seulement de façon anecdotique, Charles a fini par ressentir une forme de décalage, une envie d’ailleurs doublée d’un profond désir d’ancrage. « Ce que je racontais par rapport à la Bourgogne n’avait plus aucun sens pour moi. Je voulais retourner à quelque chose de plus proche d’une idée de pureté », souligne le jeune vigneron.
SE DÉLESTER DU BOIS
S’il ne se réclame d’aucune chapelle ni d’aucun mentor, il appartient à cette génération forgée par les voyages et les rencontres, fondatrices ou plus anodines. Au fil des millésimes, il décide de se délester du bois pour se tourner vers la céramique, qui en 2022 compose l’intégralité des contenants utilisés. Son argument : « Après avoir dégusté des vins en céramique, il est difficile de reboire sur fût. Si l’on doit avoir peur du goût du vin sans bois, je trouve cela éminemment triste. Un vin doit être bon sans artifice. » Une petite révolution, qui redessinera peut-être un jour les contours de l’appellation.