Le Figaro Magazine

Les présidents de la République face à la rue

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Car la France obéit pourvu qu’on l’autorise à crier quelque chose », écrivait Sacha Guitry dans Le Mot de Cambronne (1937). Il arrive néanmoins qu’elle réussisse à se faire entendre. Les Français sont remuants. « Sarko, serre les fesses, on arrive à toute vitesse », entend-on dans une manif de 2010, contre les retraites, déjà. De de Gaulle à Macron, tous les présidents ont été contestés. Depuis Mai 68 jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’École libre (1983-1984), les défilés contre Juppé (1995) et tous les autres, Michèle Cotta et Patrice Duhamel analysent les attitudes, montrent les images, interrogen­t les intéressés. C’est passionnan­t. Sarkozy : « Il faut savoir jusqu’où on peut aller sans casser. » Hollande : « Savoir reculer au bon moment. » Balladur :

« Négocier, ça veut dire reculer. » Raffarin : « La seule réponse à la violence, c’est la politique. Les “gilets jaunes” sont légitimes parce que la politique ne l’est pas. » Sarkozy encore : « Je n’ai jamais utilisé le 49.3. Le débat doit être au Parlement, pas dans la rue. » Édith Cresson : « Ce que veulent les manifestan­ts, c’est quelque chose qu’ils ont perdu. »

Au-delà des contestati­ons techniques sur les mesures du moment, ce qui semble lier ces mouvements, c’est la sensation que les politicien­s, qui passent – et trépassent vite –, ne savent plus parler au peuple, qui dure – et qui endure. « Un peuple civilisé, note Jean-Pierre Raffarin, ne se manipule pas avec le court terme. » Ce film important est plein de sages paroles de ce genre.

Présidents, le prix à payer. Face à la rue,

coécrit par Michèle Cotta et Patrice Duhamel, réalisé par Pauline Pallier, Public Sénat, samedi 29 avril à 21 heures suivi d’un débat animé par Rebecca Fitoussi.

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