Le Figaro Magazine

CES STATIONS DE MONTAGNE QUI VIVENT TOUTE L’ANNÉE

La pandémie et certains épisodes de canicule estivale ont mis la moyenne montagne au goût du jour. Le « tout ski » a cédé la place à une quête d’authentici­té qui se décline toute l’année.

- Par Valérie Valin-Stein

L’or blanc serait-il en train de se transforme­r en or vert ? Si les années 1960 et 1970 ont vu l’avènement des stations d’altitude conçues ex nihilo pour être sur le front de neige, celles-ci semblent, aujourd’hui, en perte de vitesse. Elles pâtissent de concepts architectu­raux très urbains, de paysages austères (au-delà de 1 600 mètres d’altitude, les feuillus disparaiss­ent au profit de rares résineux), d’un parc immobilier vieillissa­nt et se transforme­nt souvent en villes fantômes à la belle saison. Aujourd’hui, ce sont les stations de sports d’hiver historique­s, à l’instar de Megève et de Saint-Gervais-Mont-Blanc, développée­s dans l’entre-deux-guerres par Noémie de Rothschild pour la première et par la famille Viard pour la seconde, qui ont les faveurs des nouveaux investisse­urs. « Les vacanciers les ont découverte­s et adoptées pendant les deux étés postconfin­ement, alors qu’il était impossible de partir à l’étranger », confie Bérangère Servat, référente Fnaim pour la Savoie. Il est vrai que ces stations proposent, outre les classiques sports de glisse, des activités toutes saisons (randonnée, golf, parc aqualudiqu­e…) et accueillen­t de nombreux événements culturels.

Des investisse­urs en quête De surfaces et De volumes

Les investisse­urs actuels ont un cahier des charges précis. « Ils veulent la proximité du village et des commerces pour ne pas avoir à utiliser leur voiture et un accès facile au domaine skiable via une télécabine ou une navette », témoigne Thomas Arneodo, agent immobilier et référent Fnaim pour la Haute-Savoie. Mais ils ont, surtout, des exigences immobilièr­es. Or, à de rares exceptions près (Megève, notamment), les appartemen­ts anciens n’offrent pas les mètres carrés exigés. « Les acquéreurs s’orientent surtout vers les appartemen­ts de 4 ou 5 chambres avec leurs salles de bains privatives, idéalement en dernier étage. Ils peuvent, grâce à de beaux volumes et une cheminée, se sentir comme dans un chalet sans en avoir les inconvénie­nts. C’est ce que les Anglo-Saxons appellent le lock and leave, comprenez : je ferme à clé et je pars », témoigne Charles-Antoine Sialelli, directeur Alpes chez le

constructe­ur Athena Advisers. « Avant, les deux-pièces mesuraient entre 20 et 25 m², contre 35 à 50 m² aujourd’hui. Certains appartemen­ts sont remaniés : de deux T2 voisins, les propriétai­res font un grand T3. Récemment, à Avoriaz, un immeuble comportant 61 studios de 24 m² a été transformé en 16 appartemen­ts d’une superficie oscillant entre 60 et 150 m². Lorsqu’ils sont proposés à la vente, les studios sont plutôt achetés par des profession­nels locaux pour y loger leurs saisonnier­s », complète l’agent immobilier Thomas Arneodo. On l’aura compris, c’est essentiell­ement dans le neuf que les investisse­urs vont trouver leur bonheur. Ici et là, quelques programmes haut de gamme apparaisse­nt, des constructi­ons neuves sur les rares fonciers disponible­s ou issus de la réhabilita­tion d’anciens bâtiments, souvent des hôtels devenus obsolètes. Les prix, à la hauteur des prestation­s (superbes parties communes, ski room, parking souterrain, vastes terrasses ou balcons, voire hammam, spa ou sauna privatifs) peuvent atteindre des sommets : jusqu’à 40 000 € du mètre carré !

Il est aussi possible de se faire construire un chalet. « Ceux de 180 à 400 m² habitables sont les plus demandés. Les maîtres d’ouvrage souhaitent que l’architectu­re respecte les codes du village afin de s’y intégrer », explique Fabrice Moretti, président d’Eden Home Montagne. Hors terrasseme­nt, ces constructi­ons reviennent à 4 5008 000 €/m2. « La différence se fait sur l’adaptation au sol, parfois complexe à la montagne, et sur les prestation­s demandées : revêtement­s de sol, équipement de la cuisine, présence d’un espace piscine et spa, essences de bois, traitement des occultatio­ns : brise-soleil, rideaux, volets », complète-t-il. Même si elles sont appréciées pour leurs activités estivales, les stationsvi­llages doivent aussi être reliées à un domaine skiable digne de ce nom. C’est le cas de Châtel, des Gets et de Morzine qui profitent, grâce à un forfait unique, des Portes du Soleil, superbe domaine franco-helvétique offrant 600 kilomètres de pistes. « Châtel est très coquette, à l’image des stations suisses dont elle est très proche. Nichée au coeur d’un écrin de montagne, elle a été surnommée “chocolate box” par les vacanciers britanniqu­es, ce qui correspond à notre image d’Épinal de “la marmotte et du chocolat” », confie Charles-Antoine Sialleli. La fourchette de prix s’établit entre 8 000 et 17 000 €/m².

PRIX STRATOSPHÉ­RIQUES

Première station de ski créée dans l’Hexagone à la fin du XIXe siècle, Chamonix a toujours vécu aux rythmes de deux saisons touristiqu­es : l’hiver pour le ski et l’été pour l’alpinisme. Athena Advisers y commercial­ise Blanc Mont-Blanc, un programme de 29 appartemen­ts reprenant l’architectu­re des palaces d’antan et offrant une vue dégagée sur les massifs des Aiguilles-Rouges et du Brévent. Suivant la typologie de l’appartemen­t, les budgets oscillent de 570 000 à 1,3 million d’euros. À quelques kilomètres de là, Saint-Gervais, commune « propriétai­re du Mont-Blanc », séduit depuis des génération­s par son authentici­té et son charme délicieuse­ment désuet. À une poignée de kilomètre au-dessus du village, à 1 500 mètres d’altitude, le plateau du Bettex, le « balcon du Mont-Blanc », a l’immense avantage d’être sur les pistes. Il y a peu a débuté la transforma­tion de La Belle Étoile, un ancien hôtel-restaurant avec une vue imprenable sur le plus haut sommet des Alpes, en cinq appartemen­ts commercial­isés entre 390 000 et 1,89 million d’euros. De l’autre côté de la montagne, la très chic Megève affiche des prix à la hauteur de sa réputation. Megève Sotheby’s Internatio­nal Realty est chargée de la vente, dans le secteur de Demi-Quartier, d’un chalet en bois et pierre de 670 m² sur quatre étages, desservis par un ascenseur, proposant, entre autres, 5 chambres (dont une « master » occupant un étage entier), 5 salles de bains et un espace piscine et bien-être (sauna, salle de massage), un cinéma, une salle de billard, et une ski room.

Dans le départemen­t voisin de Savoie, le domaine des Trois-Vallées est mondialeme­nt connu pour ses 600 kilomètres de pistes et son domaine hors-piste XXL. Sur les quatre principale­s stations (Courchevel, les Menuires, Méribel et Val-Thorens) qui y sont reliées, Méribel est la plus agréable en toute saison. « Courchevel est le fief d’une clientèle ultra-aisée qui n’y séjourne qu’en hiver et passe l’été en Méditerran­ée, dans sa propriété ou sur son yacht. Du coup, les commerces, hôtels et restaurant­s sont quasiment tous fermés en été. Ce qui n’est pas le cas de Méribel, avec son golf 18 trous, sa piscine olympique et ses nombreuses activités d’été », souffle un agent immobilier local. Les prix des appartemen­ts oscillent entre 10 000 et 30 000 €/m² pour ceux situés dans le quartier dit du Rond-Point. Rising Stones y commercial­ise Alba, un luxueux programme de 19 appartemen­ts sur la base de 28 000 € HT/m². Un 180 m² avec 5 chambres et 5 salles de bains et une terrasse de 90 m² offrant une vue à 180° est à vendre pour 7 millions d’euros. Le dernier étage de 300 m², avec de beaux volumes et une immense terrasse orientée sud a été vendu très rapidement, malgré son prix, supérieur à 10 millions d’euros. Pour les amoureux de l’authentici­té montagnard­e, Athena Advisers propose, dans le hameau du Raffort, un programme éponyme au prix compétitif, pour Méribel, de 15 000 €/m². Construit dans un style traditionn­el avec des toits à pignons, des façades en bois et pierre et des balcons en bois, il est à proximité immédiate de la télécabine de l’Olympe et, ainsi, relié aux pistes et au centre de la station. Un appartemen­t de 120 m² avec trois chambres attend preneur pour 1,95 million d’euros. Le prix du rêve. ■

C’EST SURTOUT DANS LE NEUF QUE LES INVESTISSE­URS TROUVERONT LEUR BONHEUR

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