ENGOUEMENT SUR LES CÉRAMIQUES DES ANNÉES 1950-1970
Le design d’après-guerre rencontre un vif succès et les prix s’envolent. Si le mobilier est devenu inabordable, les céramiques restent accessibles.
Depuis une vingtaine d’années, le mobilier français des années 1950-1970 est porté aux nues par les grands décorateurs qui font la pluie et le beau temps en matière de goût. Conséquence logique de cet enthousiasme, les prix s’enflamment et, sur leurs conseils, les riches amateurs dépensent plusieurs centaines de milliers d’euros pour un canapé Ours Polaire de Jean Royère ou une bibliothèque de Charlotte Perriand. Puisqu’il faut bien accompagner ce mobilier d’une décoration adaptée, les objets décoratifs suivent la même ascension. C’est le cas des céramiques dont les prix ont beaucoup augmenté ces dernières années, certains vases atteignant plusieurs dizaines ou même centaines de milliers d’euros. Heureusement, à la différence du mobilier, elles sont encore, pour la plupart, des pièces accessibles. Il est vrai que la production a été prolifique. Le choix est vaste, les créateurs, nombreux, mais ces céramiques ont un point commun.
Elles sont toutes assez joyeuses dans leur conception, comme le soulignait Pierre Staudenmeyer, auteur d’un ouvrage qui fait autorité en la matière, La Céramique française des années 50. Chacun peut donc y trouver son bonheur à la hauteur de ses moyens. L’engouement étant pérenne, les prix continueront à grimper.
Picasso et ses 3 600 céramiques
Tout commence à Vallauris durant l’été 1946. Picasso y sympathise avec Georges et Suzanne Ramié, propriétaires de l’atelier de céramique Madoura. L’artiste s’essaye à la poterie et s’enthousiasme pour ce mode d’expression lui permettant d’inventer des formes hybrides, des vases zoomorphes, le plus souvent des oiseaux, des plats tauromachiques… S’ensuit une longue collaboration qui donnera lieu à la production de plus de 3 600 pièces, certaines uniques, la plupart éditées entre 25 et 500 exemplaires. On les trouve facilement aux enchères. Bien entendu, les vases les plus rares dépassent facilement les 100 000 à 150 000 €. Mais on peut également acquérir de belles assiettes et des petits pichets pour 3 000 à 10 000 € et ses très recherchés vases chouette ou hibou entre 10 000 et 40 000 €. Le prix varie alors en fonction de la qualité et de l’originalité de leur réalisation.
« Picasso est l’un des premiers à inscrire la céramique dans le langage artistique de la seconde partie du XXe siècle », souligne Éric Pierre Moinet, directeur au Musée national de céramique de Sèvres. Il va ainsi faire de nombreux émules qui ne copieront pas le maître mais auront chacun leur identité propre. Il en résulte une incroyable diversité de céramiques souvent colorées, très graphiques, parfois même d’un kitsch assumé qui s’intègrent parfaitement dans un intérieur contemporain. Parmi ces céramistes, Roger Capron bénéficie d’un réel engouement. Redécouvert en 2003 par une exposition au musée de Sèvres, cet artiste, célèbre dans les années 1960, a notamment participé à la décoration de