BEIGBEDER = WEINSTEIN !

NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE FORMIDABLE, PAR NICOLAS UNGEMUTH

Le président Macron n’a pas le monopole du chahut, comme on dit poliment. Il y a une semaine, notre chroniqueur Frédéric Beigbeder devait donner une conférence à Bordeaux, dans la librairie Mollat. La veille au soir, le lieu a été couvert d’affiches intéressantes.

« 176 pages de branlette misogyne », « Beigbeder forceur Mollat harceleur »,

« Les hommes hétéros le sontils vraiment ? » Allons donc. Frédéric Beigbeder serait le Harvey Weinstein français. Un violeur, un « forceur », un vrai danger sur pattes pour toutes les femmes. Pourquoi tant de haine ? Parce qu’il vient de publier un livre intitulé Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé (Albin Michel).

Le titre, déjà, mérite le pal, le pilori, l’écartèlement… Dans ce livre où il raconte une retraite à l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse ou quelques jours au 21e régiment d’infanterie moderne où les militaires avaient sans doute pris soin de cacher les femmes, il décrit également sa condition de quinquagénaire hétérosexuel. Les femmes le font fantasmer, il le dit. Verboten !

Le fantasme, c’est du viol.

C’est donc escorté par trois cars de policiers qu’il est allé donner sa conférence. Au bout d’une dizaine de minutes, des femmes se sont levées en criant : « Victime, on te croit, violeur, on te voit ! » L’auteur n’a pourtant jamais été accusé de quoi que ce soit. Qu’importe, le monde suit : des rencontres en librairie ont été annulées, tout comme un projet de film et un autre de série. Espérons pour Édouard Louis que lors de sa prochaine signature, la librairie qui l’accueille ne se retrouvera pas couverte d’affichettes homophobes du type « Sodomite ! », « Inverti ! », etc.