Le Figaro Magazine

MISSION : POSSIBLE

« Opération Fortune. Ruse de guerre » : un film d’espionnage potache à regarder en sirotant un Martini dry.

- CULTURELLE­MENT VÔTRE PAR JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

Le « roi du cool » Steve McQueen est mort depuis belle lurette, mais son esprit resurgit çà et là, chez certains comédiens ou dans certains films. Magnifique exemple avec Opération Fortune. Ruse de guerre de Guy Ritchie (Prime Video). On croit d’abord à un pâle plagiat pastiche de Mission : Impossible. Un groupe d’espions constitué d’une tête pensante, d’un « monsieur Muscles » (Jason Statham), d’une geekette et d’un agent couteau suisse (un peu informatic­ien, un peu tireur d’élite, un peu conseiller psychologi­que) est chargé de résoudre une équation à trois inconnues : qui vend à qui une arme inconnue ? Seul élément d’informatio­n tangible : le nom et l’identité de l’intermédia­ire, un milliardai­re trafiquant d’armes qui fréquente la jetset et vénère un acteur hollywoodi­en (Josh Hartnett). Il s’agira donc de l’approcher grâce à l’acteur en question (n’en pouvant mais), et de faire ami-ami avec lui pour arracher les informatio­ns qui sauveront le Royaume-Uni, voire le monde. Mais outre la dangerosit­é ontologiqu­e de l’affaire se dresse un obstacle imprévu ; une autre équipe d’espions concurrent­e (quoique également britanniqu­e).

Là où ce film d’action devient digne d’intérêt, c’est dans son parti pris décontract­é et potache façon Kingsman. En offrant deux rôles en or à Aubrey Plaza et Hugh Grant, le réalisateu­r d’Arnaques, crimes et botanique (avec déjà Jason Statham !) savait ce qu’il faisait : chacune de leurs apparition­s est une grâce. Tenue vestimenta­ire soirée ou sport coolissime­s ; incessants échanges de regards complices, ironiques ou séducteurs ; répliques qui fusent comme les balles que vont finir par s’échanger tueurs anglais, ukrainiens et turcs ; jeu échevelé du chat et de la souris à la Tom et Jerry : c’est un régal. Quant au décor, on a beau dire (surtout dans la presse de gauche) : tourner des scènes sur un yacht de luxe à Cannes (vivement le Festival !) ou dans une villa chic de la côte turque dans lesquels sont accrochés des tableaux de maître procure chez le spectateur une sensation nettement plus agréable que lorsqu’on lui propose deux heures de gros plans sur des voyous d’une ZUP de la région Paca.

Bref : à quand la suite ?

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