LES TERRASSES ONT DU PANACHE
À Paris, Marseille ou Bordeaux, même les espaces les plus exiguës prennent de l’ampleur et des couleurs grâce à un large choix de pièces nomades optimisées pour la vie citadine.
Si le milieu urbain n’est pas aussi propice à la déconnexion que le sont nos forêts, les rats des villes ont tout de même droit à des équipements spécifiques. L’époque où l’on se contentait d’un triste petit ensemble comprenant une table et deux chaises par manque de place est révolue. Les pièces nomades, toujours en vogue, s’imposent comme une solution miracle pour les citadins. C’est le cas des lampes, bien sûr, à l’image de la baladeuse Mayday signée Konstantin Grcic que Flos propose enfin en version outdoor, mais aussi d’un mobilier plus imposant, modifié pour passer du dedans au-dehors. Après plusieurs années de recherches, la légendaire chaise Leggera de Gio Ponti se décline en acier pour répondre aux contraintes de l’extérieur. Ce miracle technique, l’éditeur Cassina a pu l’accomplir en mobilisant l’hydroformage. Un processus de fabrication issu de l’univers de la Formule 1 consistant à injecter un liquide dans un mince tube métallique pour lui donner une forme prédéfinie. En résulte un objet aussi fin et léger que l’original. S’agissant de décoration, la profusion – d’objets et de couleurs – s’impose comme le mot d’ordre. Fauteuil Souvenir 555 (design Eugeni Quitllet pour Pedrali, disponible chez RBC), Terracotta Pots (Thélonious Goupil pour Vitra), guéridon Circles (Maria Jeglinska pour Cinna) ou encore desserte (La Redoute Intérieurs & Hello Blogzine) sont autant de pièces que l’on associera à l’envi pour créer une ambiance digne de la table d’anniversaire d’Emily in Paris. Objectif : créer l’illusion d’un espace plus grand, sans négliger les textiles, ingrédients secrets d’une atmosphère chaleureuse qui, à l’image de la collection Guethary présentée par
Pierre Frey, allient douceur et résistance. « Malgré son nom, Guethary est inspirée par l’esprit citadin. Notre ambition était qu’elle puisse s’intégrer à un balcon ou une terrasse sans difficulté. Elle se compose donc d’unis, de faux unis et de petits motifs, plus faciles à utiliser », détaille ainsi Pierre Frey, petit-fils du créateur de la marque.
MILIEU URBAIN, MILIEU MALIN
ENTRE SLOW DESIGN ET HAUTE TECHNOLOGIE, LA TERRASSE SE RÉINVENTE SANS CESSE
En outre, la contrainte des petits espaces semble stimuler tout particulièrement les designers qui rivalisent d’ingéniosité pour allier praticité, ergonomie et durabilité. Toute jeune marque créée par Jean-Sébastien Blanc du studio 5•5 et Nicolas Sommereux, Demain Jardin se lance à la conquête du secteur avec une première collection inventive. À commencer par les canapés Orage, dont la structure en aluminium est entièrement démontable et réparable. Sous l’assise, une niche fermée par un capuchon en liège permet, l’hiver venu, de ranger les coussins escamotables pour économiser de la place. Malin, le salon Quartier conçu par Camille Blin pour Tectona l’est aussi. « Tout l’enjeu était de créer un maximum de confort en utilisant un minimum de matière. Je suis donc parti d’une idée assez simple, celle d’une table ronde, en quatre quarts, sous laquelle s’imbriquent les chaises », explique le designer. Ultracompact et même empilable, le modèle pensé à l’origine pour les terrasses de cafés s’accorde, de fait, très bien avec les surfaces les plus réduites. Côté éclairage, mention spéciale au lampadaire Bark de Stéphane Joyeux pour Roger Pradier. Résolument pop et doté de deux sources lumineuses, il présente un gabarit longiligne adapté aux grands comme aux petits jardins.
À force d’optimisation, le champ des possibles devient si large que les projets les plus fous deviennent envisageables, y compris en ville. Pourquoi, alors, ne pas rêver d’une piscine ? À Artigues-près-Bordeaux, le pisciniste Carré Bleu a par exemple réalisé, avec la complicité de l’architecte Édouard Lapeyre, un bassin de 12 m² intégré dans une courette. Preuve qu’en matière d’outdoor, tout devient imaginable, l’essentiel étant de se faire plaisir en jouant les ensembliers, comme le résume le directeur de la marque Sifas, Jérôme Armaroli. « Aujourd’hui, notre ambition, comme celle de l’utilisateur, est de recréer des ambiances, de ne pas être monogame. Il s’agit, grâce aux accessoires, aux mélanges de couleurs, de matériaux, de créer des atmosphères uniques », analyse-t-il. À chacun sa terrasse ou son jardin, en somme.