oh, la belle vie…
Petit abécédaire de l’apocalypse heureuse, de Pascal Fioretto, illustrations de Stéphane Trapier, Éditions Herodios, 137 p., 20 €.
Il est facétieux, ce Pascal Fioretto. Le pasticheur de génie – un art difficile en voie de disparition –, ancien membre de l’équipe très espiègle de
Jalons et collaborateur de Laurent Gerra, prétend écrire un Petit abécédaire de l’apocalypse heureuse, dans lequel un
« écoanxieux » trouverait le moyen de survivre gaiement avant la fin du monde. Fioretto, en réalité, se moque de toutes les âneries de notre époque décidément formidable. Les chapitres sont introduits par des citations hilarantes (« La société de consommation finira dans les poubelles jaunes de l’Histoire », Karl Marx, La Consommation des ménages, ou « L’autre, c’est celui qu’on serait si l’on n’était pas soi-même son autre à lui », Marguerite Duras), Fioretto s’en donne à coeur joie : « En ces temps de faits alternatifs, mieux vaut se méfier de ce qu’on croit qu’on pense qu’on sait. Cela vaut également pour ce qu’on pense qu’on croit qu’on sait et pour ce qu’on sait qu’on croit qu’on pense. » Il y a des considérations parfaites sur l’art contemporain
(« Anish Kapoor, soudeur mondialement connu pour ses vagins en tôle ») et ChatGPT qui, grâce à nos smileys sur les réseaux sociaux, est désormais
« plus drôle que Kev Adams et Annie Ernaux réunis ».
Ces tribulations d’un couple installé aux confins de l’Îlede-France sont palpitantes.
Lorsque les deux invitent d’anciens habitants de la capitale et leur demandent s’ils ne regrettent pas le thé bleu et la choucroute végane, ceux-ci répondent en choeur, la larme à l’oeil : « On ne manque de rien ici, tu sais ; ils ont même des naturopathes. »
Ça, c’est pour madame. Monsieur ajoute « Et des microbrasseries artisanales ». S’il y a un seul livre à fourrer dans ses valises cet été, c’est celui-là.