LA FRANCE FAVORABLE À L’INTERDICTION DES MINES SOUS-MARINES
C’était lors de la COP27, à Charm el-Cheikh, en Égypte, le 7 novembre 2022. Le président Emmanuel Macron s’avance devant le pupitre et prend le micro : « La France soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins. » Stupeur dans l’assemblée et victoire surprise pour les militants écologistes qui dénonçaient depuis des mois la menace que feraient peser les mines sous-marines sur les écosystèmes si leur exploitation était autorisée. Cette déclaration est d’autant plus inattendue qu’un an auparavant, lors du plan de relance France 2030, Emmanuel Macron vantait l’exploration des fonds marins comme « un levier extraordinaire de compréhension du vivant » et « d’accès à certains métaux rares ».
La France rejoint donc une coalition d’une quinzaine d’États (Allemagne, Espagne, Chili, Nouvelle-Zélande), favorables à un moratoire sur l’exploitation des ressources minières en haute mer.
Un changement de cap alors que le pays, qui détient la deuxième plus grande surface maritime au monde derrière les États-Unis
(11,6 millions de km2), fut l’un des leaders dans la prospection de nodules dans le Pacifique. Dès les années 1970, l’Ifremer avait imaginé des systèmes mécaniques et hydrauliques pour remonter les minerais à la surface. Jusqu’à la déclaration de Charm el-Cheikh, la France pariait sur les métaux sous-marins dans sa Zone économique exclusive (ZEE) de Polynésie. Voici ce qui était écrit dans le livre bleu du Grenelle de la mer, signé en 2009 : « En s’appuyant sur l’amélioration des connaissances des fonds marins […], il est décidé de préparer le développement, à moyen terme, de projets miniers en mer profonde en organisant dès à présent le développement et le pilotage industriel de procédés d’extraction minière offshore. » Mais aucun chantier ne vit finalement le jour.