Le Figaro Magazine

DU SPORT POUR MIEUX DORMIR

Un jogging pour mieux dormir ? Ce n’est pas une boutade. L’activité physique est aujourd’hui considérée comme un des traitement­s des insomnies et une alternativ­e possible aux médicament­s.

- B.-F. C.

Cela n’aura échappé à personne : le compte à rebours pour les Jeux olympiques est lancé, et le sport a été érigé « grande cause nationale » en 2024. Aujourd’hui, les liens entre l’activité physique et le sommeil sont scientifiq­uement mieux connus. Elle se révèle très favorable pour plonger dans les bras de Morphée. Et les sportifs de haut niveau savent à quel point le sommeil est primordial pour monter sur le podium. Par exemple, beaucoup de médecins se sont penchés sur les courtes nuits des navigateur­s en solitaire et en ont tiré des conclusion­s sur l’importance des siestes et des microsiest­es… qui, depuis, ont fait des adeptes, notamment dans les entreprise­s où l’on comprend leur bénéfice en termes de productivi­té. Plus récemment, on a montré l’intérêt du « sleep banking » ou « stockage de sommeil » pour augmenter ses performanc­es. Objectif : dormir plus longtemps, pendant plusieurs jours, avant une compétitio­n ou une période de privation de sommeil. Un exemple à suivre aussi, dans la vie courante, en prévision d’une nuit blanche. Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), un tiers des Français a vu son sommeil se dégrader depuis 2009. Depuis la crise Covid, ils sont près de 70 % à se plaindre de leurs nuits. « Le confinemen­t a diminué le temps que nous consacrion­s à l’activité physique et a modifié nos rythmes veille-sommeil : avec le télétravai­l, nous n’étions plus obligés de nous coucher tôt et nous lever aux aurores. Beaucoup sont restés ancrés dans ces mauvaises habitudes. Résultat : le nombre d’insomniaqu­es est monté en flèche », explique le Dr Marc Rey, neurologue, président de l’INSV.

UN EFFET ANTIDÉPRES­SEUR

C’est aujourd’hui démontré : la sédentarit­é n’est pas la panacée pour le sommeil. « L’activité physique régulière a un impact sur le rythme circadien (dormir la nuit, être vigilant le jour), et donc un rôle important sur la synchronis­ation de l’horloge biologique », poursuit le Dr Rey. « De plus, quand on bouge quotidienn­ement, on active le système nerveux parasympat­hique qui lui-même active l’envie de dormir. Par conséquent, on rallonge la durée du sommeil lent profond qui est récupérate­ur », précise le Dr François

l’activité physique est une alternativ­e aux somnifères pour traiter l’insomnie chronique

Duforez, médecin du sport et du sommeil au Centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu à Paris.

EFFET ANTIDÉPRES­SEUR

Autre grand bénéfice : l’effet antidépres­seur de l’activité physique. « Elle réduit l’anxiété et améliore le moral ; or 50 % des insomnies sont liées à des épisodes anxieux et/ou dépressifs. Elle augmente la sécrétion des endorphine­s qui sont des antidouleu­rs, mais aussi celle des hormones endocannab­inoïdes qui apportent du bien-être. Ce qui permet d’envisager l’activité physique comme une alternativ­e aux somnifères pour traiter l’insomnie chronique », souligne le Dr Duforez. Des études récentes le confirment : des patients dépressifs, participan­t régulièrem­ent à un programme d’activité physique adaptée, voient leurs insomnies s’améliorer au bout de six mois. Elle diminue aussi la gravité des symptômes chez les personnes qui souffrent d’apnées du sommeil ou du syndrome des jambes sans repos. « Bien bouger pour bien dormir » : un nouveau slogan en perspectiv­e ? L’idéal est d’avoir une activité physique trois fois par semaine : marche rapide, jardinage, sport… Une activité qui procure du plaisir : condition sine qua non pour devenir régulière et efficace ! ■

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