CE QUI NE TUE PAS…

★★★ Traversée du feu, de Jean-Philippe Blondel, L’Iconoclaste, 216 p., 20,90 €.

Il est peut-être, de tous nos écrivains français, celui qui sait le mieux observer les émois des gens ordinaires. De livre en livre, Jean-Philippe blondel a su toucher ses lecteurs sans jamais user d’artifices, mais en racontant la vie telle qu’elle est avec cette simplicité, cette modestie qui lui est propre. Dans Traversée du feu, il va nous parler de lui, une fois n’est pas coutume, et de ce cancer qu’on lui a détecté pendant le confinement. il se croyait pourtant immunisé contre les drames : il a eu son lot de tragédies dès le plus jeune âge avec la mort de sa mère et de son frère dans un accident, puis de son père dans les mêmes circonstances quelques années plus tard. Mais le destin vise au hasard et il ne sera pas épargné. il ne fera pas pour autant pleurer dans les chaumières, préférant cacher son angoisse derrière la légèreté, l’autodérision, l’humour bien sûr, et cet appétit de vivre qui ne le quitte jamais. Dès qu’il le peut, il court dans ces lieux qui l’ont vu naître, se souvient de son enfance, songe à sa famille, à ses amis, ceux qui osent le regarder en face sans trembler, à son métier tant aimé de professeur. et puis à ses médecins, admirables et attentifs, dont il ne comprend pas toujours la langue. tous ont été là et ont contribué à sa guérison. Parler de soi est toujours une gageure, parions que pour le discret auteur, la tâche ne fut pas facile. Qu’il soit rassuré : ce livre est un enchantement, le récit pudique et lumineux d’une renaissance.