ROCK AROUND THE DADA
★★★ Rock Me Amin de Jean-Yves Labat de Rossi, Arthaud, 298 p., 19,90 €.
L’histoire est rocambolesque mais parfaitement vraie. En 1977, un musicien français, spécialiste des synthétiseurs, (il a joué avec Utopia, le groupe de la superstar Todd Rundgren), voit son contrat rompu avec Albert Grossman, manager de légende dont le client le plus connu est Bob Dylan. « Mr. Frog » est le pseudonyme de Jean-Yves Labat de Rossi, sorcier de ces sonorités, dont il faut savoir maîtriser les nouveaux instruments. Financièrement aux abois, Labat de Rossi signe un contrat avec un label canadien : l’idée est d’aller en Ouganda et d’y enregistrer Idi Amin Dada, fan d’accordéon, pour, avec l’aide d’un synthé portatif, lui faire jouer Little Drummer Boy, classique britannique (« Pararampampam », etc.). Mr. Frog se rend à Kampala, truffée d’espions et de militaires, où on lui explique rapidement qu’il ferait mieux de décamper. Obstiné, il parvient à rencontrer, en prenant des risques énormes, l’un des proches d’Idi Amin, surnommé « le rat blanc »,
Bob Astles. L’enregistrement est prévu, le musicien rencontre Dada, « Conquérant de l’empire britannique en Afrique, le maître de toutes les bêtes de la terre et de tous les poissons de la mer. »
Le dictateur est d’abord enthousiaste, puis le Français, considéré comme un espion, se retrouve martyrisé dans ses geôles, voyant depuis sa lucarne les opposants du régime se faire massacrer. Il sera libéré sans explications ni enregistrement, et renvoyé chez lui sans avoir rien compris à toute l’affaire. Jean-Yves Labat de Rossi raconte tout cela avec un ton farcesque très S.A.S (Malko, sors de ce synthé !). On rit rarement autant avec les récits de séjours chez les sanguinaires délirants.