VODKA À LA FRANÇAISE
Deux jeunes entrepreneurs lancent une eau-de-vie haut de gamme parfumée au chanvre.
Je baigne dans l’alcool depuis toujours », s’amuse le vingtenaire Constant Monnin. Une branche de sa famille s’est épanouie en Champagne. et son grandpère, un certain Max Laplace, lui-même issu de plusieurs générations de brasseurs, marchands et négociants en vins et spiritueux, fut propriétaire de 160 bars dans le nord et fondateur de la société France Boissons. L’estimé aïeul décède il y a trois ans et demi. Son petit-fils, qui fait alors du conseil en Slovaquie, décide de rentrer en France. il appelle son vieil ami Adrien Fragnaud. ensemble, ils se lancent dans l’aventure des spiritueux. Pour eux, ce sera la vodka. « C’était avant tout un clin d’oeil à mon grand-père qui me faisait déguster la vodka Kors, excellente. Mais aujourd’hui, en France, le marché des alcools blancs est en perdition car les produits ne sont pas bien faits. » Lui et son acolyte se sont mis en tête d’inverser la tendance.
Pour obtenir le produit souhaité, les deux associés se lancent dans une longue série de tests. « Nous avons utilisé de la pomme de terre, de la betterave et pas mal d’autres choses. Mais cela ne nous convenait pas. À la fin, nous avons trouvé notre bonheur avec une distillation de pinot noir, de chardonnay et de pinot meunier de champagne », continue Constant Monnin.
LE CHEF GEORGES BLANC EN A FAIT UN COCKTAIL
L’autre singularité de cette vodka est la présence de fleurs de chanvre bio Lemon Haze, passée 6 fois avec les raisins dans un alambic Arnold Holstein, réputé pour sa précision. ils baptisent leur création Oishi, « délicieux » en japonais. il n’y a plus qu’à faire sauter le bouchon en céramique, verser l’eau-de-vie à température ambiante dans un verre à vin. voilà un alcool surprenant avec un nez de concombre poivré, une fraîcheur herbacée en bouche, une finale iodée. Les chefs étoilés l’adorent, Manuel Martinez, au relais Louis Xiii, Yannick Alléno, William Ledeuil ont craqué. Georges Blanc en a fait un cocktail de saison. Les barmen sont inspirés. Celui du restaurant Le royal, rue de Grenelle, à Paris, a créé Le duc, une sorte de spritz à la française, avec vodka, liqueur St-Germain, un demi-citron jaune pressé et de la glace. La production est encore confidentielle, mais Constant Monnin agite déjà le réseau familial et amical pour doper la distribution. il existe 80 000 marques de vodka dans le monde et celle-ci veut tirer son épingle du jeu. Le flacon noir habillé d’une sérigraphie argentée produit un bel effet. en attendant le grand décollage, le binôme développe la gamme, imagine de nouvelles liqueurs. La créativité est de leur côté.