Le Figaro Magazine

L’ALLEMAGNE SE VEUT DE “FAIRE LA GUERRE”

Avec une hausse de 25 % de son budget annuel consacré à la Défense, notre grand voisin d’outre-Rhin se prépare à affronter un possible conflit en Europe.

- LA CHRONIQUE DE FRANÇOIS D’ORCIVAL

Il y a deux ans, quatre jours après l’attaque générale que Vladimir poutine venait de lancer contre l’Ukraine, le chancelier allemand, Olaf scholz, annonçait « un tournant » de sa politique stratégiqu­e. il ajoutait 100 milliards d’euros à ses dépenses militaires ! Cela correspond­ait à une hausse de 25 % par an, sur plusieurs années. On changeait d’époque. Les Allemands étaient à 1,53 % de leur pib en crédits de défense, ils vont dépasser les 2 % cette année. Et ils veulent continuer. pour être sûr d’incarner ce tournant, le chancelier a changé de ministre de la Défense dès le début de 2023. il n’a pas choisi un homme neuf, il a voulu un ministre fidèle et confirmé : boris pistorius. Né en basse-saxe en mars 1960, celui-ci vient donc d’avoir 64 ans. il en avait 30 quand l’Allemagne s’est réunifiée, en 1990. « Oui, déclare-t-il à la conférence annuelle sur la sécurité qui se tenait à Munich en février, je suis un enfant de la guerre froide. Je me souviens des efforts qu’il a fallu faire pour défendre notre liberté, la paix, et la stabilité… » si boris pistorius le rappelle, c’est pour souligner combien notre monde est encore plus difficile à gérer. « Après la guerre froide, nous avons tenté de construire une architectu­re de la sécurité européenne avec la Russie. Eh bien, ajoute-t-il, nous avons échoué. »

Un échec qui a débouché sur le retour de la guerre en Europe. Ce qui conduit pistorius à expliquer à la presse, le 4 mars, et c’est une première pour un ministre allemand de la Défense : l’Allemagne doit être

« capable de faire la guerre ». En 2022, le chancelier scholz parlait de

« tournant » ; en 2024, son ministre de la Défense, place le mot « guerre ». si l’on veut s’en préserver, dit-il alors comme les Français, « la dissuasion est notre assurance sur la vie ». Encore faut-il savoir comment. À la chute du mur de berlin, les armées allemandes de l’Ouest et de l’Est, qui se faisaient face et allaient fusionner, comptaient 600 000 hommes ; sans oublier les 500 000 soldats que les soviétique­s avaient stationnés en Allemagne de l’Est et qu’ils allaient rapatrier. il reste aujourd’hui 184 000 hommes et femmes sous l’uniforme de la bundeswehr, moins de 28 000 dans la Luftwaffe, un peu plus de 16 000 dans la bundesmari­ne, avec un nombre d’avions de combat et un tonnage de navires de guerre inférieurs à ceux des Français. seuls les chars Léopard 2 sont plus nombreux d’un tiers que nos Leclerc. Notre reconstitu­tion est un défi, dit boris pistorius. Car l’Allemagne

« est le plus grand membre européen de l’Otan, et la plus forte économie du continent ». Mais pour « faire la guerre », si elle s’en donne les moyens, cela ne s’improvise pas.

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Boris Pistorius, ministre fédéral de la Défense.
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