ANDRÉ MENGELLE, GÉNÉRAL COURAGE
Volontaire pour l’Indochine contre l’avis de ses parents – il leur arrache l’autorisation car il est mineur – André Mengelle part au Tonkin au 1er régiment de chasseurs. Au sortir d’une nuit au dancing à Hanoï, on lui demande s’il est volontaire pour Diên Biên Phu. Le jeune officier de cavalerie n’hésite pas et saute sur la fournaise dans la nuit du 1er au 2 avril 1954, en atterrissant dans des barbelés. Plus jeune que bien de ses hommes, le souslieutenant de réserve de 22 ans commande Bison bleu, l’un des trois pelotons de chars à Diên Bien Phu. Les dix chars Chaffee du capitaine Hervouët sont de toutes les contreattaques et, s’il le faut, leurs équipages en descendent pour se battre avec l’infanterie.
Blessé aux yeux par des éclats, Mengelle tire son dernier coup de canon le 7 mai au matin. Puis c’est la marche de 650 km vers le camp N° 1. Pendant sa captivité, André Mengelle puise la force dans des figures héroïques. « Nos morts nous obligent à nous tenir droits », dit-il. Il garde aussi le souvenir fort de deux fiers adversaires. « Un officier vietnamien qui haranguait ses hommes pour monter à l’assaut. Lorsqu’il m’a vu, il est resté debout ! J’ai été fasciné et je n’ai pas tiré, je ne l’oublierai jamais. » Il se souvient aussi d’un vieil homme, plus tard en Kabylie. « Il s’est sacrifié pour permettre au plus jeune de sa katiba de décrocher d’une embuscade. Nos regards se sont croisés. Il n’y a pas que dans notre camp qu’il y a des héros… » André Mengelle a quitté l’armée à 57 ans, avec des étoiles de général.