L’ÉTERNITÉ DE PAGNOL
Marcel Pagnol est mort il y a cinquante ans ; son oeuvre est bien vivante.
AFrance Télé, comme il a déjà été dit, on est fortiche pour les rediffusions. C’est meilleur réchauffé. La Femme du boulanger, programmée le 1er avril sur France 3, l’est encore sur France 5 le 19 : la Pomponette est de retour, coquin de sort ! Quant à la magnifique évocation de Marcel Pagnol par Fabien Béziat, commentaire dit par Fabrice Luchini, elle date de 2019, on l’a revue en 2022 et la revoici pour le cinquantième anniversaire de sa mort. Quels autres morts de 1974 seront salués ? Marcel Achard ? Henry de Monfreid ? le cardinal Daniélou ? Duke Ellington ? Darius Milhaud ? Francis Blanche ? Vittorio De Sica ? La mémoire des gens de télé, aussi fidèle que celle des poissons rouges, est bien hasardeuse et bégayante.
Or, si l’oeuvre de Pagnol brave le temps, c’est aussi qu’elle a de la mémoire et sait puiser sa force et sa simplicité dans les grands mythes. Les histoires qu’il raconte, toutes provençales ou marseillaises qu’elles soient, sont universelles parce qu’elles tirent leur origine de l’expérience commune à l’humanité. Du vieux, il a tiré du neuf en étant singulier, tout comme Giono, qu’il a adapté à plusieurs reprises, notamment pour l’histoire de la volage boulangère. Méprisé par la critique au théâtre comme au cinéma, moqué par les délicats pour ses succès populaires, Marcel Pagnol prend aujourd’hui plus qu’une revanche posthume puisque son oeuvre est aussi vive qu’une source quand bien des avantgardes chéries des universitaires sont desséchées depuis longtemps.
Les Trésors de Marcel Pagnol, de Fabien Béziat, France 5, vendredi 19 avril à 21 h 05.
La Femme du boulanger, de Marcel Pagnol, à 23 h.