UNE BELLE HISTOIRE D’HUMOUR

La dernière fois qu’une « bande de jeunes » a créé un mouvement hilarant destiné à se moquer des personnes et des sujets sérieux, c’était dans les années 1980 : le groupe Jalons manifestait notamment contre le froid au métro Glacière, en dénonçant la complicité de françois Mitterrand avec les frimas. fondé par Pierre Dac en 1938, L’Os à moelle, journal aujourd’hui presque oublié, est un peu leur ancêtre. sa vie fut brève, interrompue par l’invasion allemande qui provoqua le départ de Dac pour Londres, où il anima ses fameuses émissions pour la france libre, dont la cible finale fut Philippe henriot, le ministre et propagandiste de Vichy exécuté par la résistance. « Loufoque », qui veut dire « fou » dans l’argot des bouchers – profession du père de Dac –, est la ligne éditoriale de L’Os à moelle. L’artistic athévains fait revivre l’aventure de cet organe incroyablement populaire en ces temps où la moquerie intelligente et imaginative était la bienvenue. trois très bons acteurs lisent notamment les petites annonces et les recettes de cuisine du journal, très souvent des perles comiques. Le grotesque grandiloquent, les jeux de mots et l’esprit potache déchaîné s’unissent pour créer une sorte de surréalisme populaire. À voir pour l’histoire, et pour soutenir la cause de la folie douce et de l’humour dans le débat et l’esprit publics. Marin de Viry L’Os à moelle, imaginé et mis en scène par Anne-Marie Lazarini, avec Emmanuelle Galabru, Cédric Colas et Michel Ouimet, Artistic Athévains (Paris 11e), jusqu’au 28 avril.