VERS UNE VILLE PROCHE, INTELLIGENTE ET DURABLE
Carlos Moreno, enseignant à l’université Paris 1, était l’invité exceptionnel de la Chambre des Notaires de Paris pour une discussion prospective. Il est l’inventeur du concept de « ville du quart d’heure ».
ous rêvons tous d’une ville où il fait bon vivre et travailler. Les Franciliens souhaitent une métropole innovante, propre et aérée, où l’on se déplace aisément, avec une bonne densité de commerces et de points d’intérêt », a déclaré en préambule Jean-François Sagaut, notaire à Paris et Président de l’événement. Carlos Moreno a confirmé que, selon lui, les cités les plus désirables sont celles où l’on peut tout faire près de chez soi. Le chercheur a rappelé que depuis bientôt un siècle, les agglomérations souffrent d’un excès de « zonification » : reliés par des voies de transport, les quartiers d’affaires, industriels et résidentiels ont été juxtaposés comme le préconisait Le Corbusier dans sa Charte d’Athènes. Lui milite pour la mixité d’usages. Parce que l’urgence climatique est là, l’universitaire veut réconcilier l’écologie, l’économie et l’impact social dans notre monde urbain en crise. Le chantre de la proximité heureuse envisage à la fois de régénérer la ville (grâce aux ressources naturelles, à la biodiversité…), d’y relocaliser l’économie (rapprocher la production, l’emploi, les compétences…) et de retisser des liens sociaux (moins d’anonymat, acceptation de toutes et tous dans l’espace public…). Ce sont ces trois « R » qui apporteront plus de qualité de vie et d’air pur dans les « villes du quart d’heure ». Mais cela fonctionne aussi en milieu rural : Carlos Moreno parle alors de « territoires de la demi-heure ».
LE PLAISIR DE MARCHER DANS SON QUARTIER
Parce que 76 % des déplacements quotidiens sont contraints, Carlos Moreno prône également la mobilité choisie. La ville sera durable si les citadins marchent davantage pour leur plaisir. Ce faisant, ils préviendront les maladies cardiovasculaires et l’obésité (un Français sur cinq est en surpoids). Si l’écologie rend la ville vivable, l’économie la viabilise et l’impact social apporte de l’équité. Le nouveau quartier Clichy-Batignolles, dans le 17e arrondissement de Paris, semble respecter ces trois dimensions.
Autour d’un grand parc, de nombreux commerces et services sont présents. Les immeubles neufs comptent 50 % de logements sociaux. « Même s’il n’est pas toujours aisé de réinventer Paris, avec son foncier serré et sa verticalité limitée, des solutions existent », a souligné Jean-François Sagaut. Les notaires ont récemment milité pour des outils juridiques permettant de construire des bâtiments réversibles, comme au village olympique livré sur les berges de Seine. La profession est engagée elle aussi à son niveau pour une nouvelle vision de la ville qui corresponde plus aux usages et redevienne désirable.