Le Figaro Magazine

NOIR C’EST NOIR

★★★ Dead Stars, de Benjamin Whitmer, Gallmeiste­r, 592 p., 26,90 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos.

- LE MARQUE-PAGE DE NICOLAS UNGEMUTH

S’il est une chose certaine, c’est qu’il n’existe aucune fête à laquelle on se rend seul dont on ne repart pas en se sentant plus mal qu’on ne l’était en arrivant. » Voici pour l’incipit. Lorsqu’il sort d’une fête et rentre chez lui où il élève seul ses deux enfants, Hack Turner constate que son jeune fils a disparu depuis plusieurs heures. Il reste sa grande fille, une ado en guerre contre le monde entier qui carbure à la vodka. Hack contacte son petit frère, Whitey. Les deux hommes sont sanguins et bons cogneurs. Le premier est taciturne, le second plus jovial. S’ensuivent trois jours de recherches détaillés presque en temps réel sur près de 600 pages. Les choses sont compliquée­s : avant la disparitio­n, Hack travaillai­t dans une usine de plutonium. Les règles de sécurité n’étaient pas respectées, il y a eu des accidents. Il en a parlé à un journalist­e. Les locaux le haïssent, ils redoutent de perdre leur job. Pour compléter l’ambiance, les deux frères ont un père qui évoque le diable en personne, et la fille de Hack décide de mener ses propres investigat­ions. Il y a beaucoup de dingues dans cette région du Colorado, à l’époque de Reagan. Benjamin Whitmer, orfèvre du roman noir américain, a des phrases qui claquent (« Regarder sa bouche et sa moustache, c’est comme plonger le regard dans un anus », « Il a l’air d’avoir un raton laveur dépouillé et retourné comme un gant agrafé sur le visage »), il écrit comme d’autres distribuen­t les gifles. Depuis plus de dix ans, Whitmer ne signe que des chefsd’oeuvre (Pike, Cry Father). Saluons le flair des éditions Gallmeiste­r : les oeuvres de cet immense écrivain ne sont même pas publiées dans son propre pays.

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