Le Figaro Sport

Coupe du monde: les Bleus veulent éviter le piège de l’excès de confiance

- Baptiste Desprez

Déjà qualifiés pour les huitièmes de finale, les joueurs de l’équipe de France savent que la route vers le titre est encore longue.

Ne demandez surtout pas aux joueurs de l’équipe de France s’ils trouvent des similitude­s entre le groupe de 2022 et celui de 2018. Vous auriez droit à une réponse convenue, ennuyeuse, préparée, selon laquelle il est inutile de comparer les époques. «C’est une nouvelle histoire» , «ce sont d’autres joueurs» , «les contextes sont différents» … Voilà le discours servi par Didier Deschamps et ses hommes aux nombreux médias présents au Qatar. Une position qui s’entend et témoigne aussi de la volonté de ne pas s’enflammer trop vite. Comme dirait l’autre, comparaiso­n n’est pas raison.

Après deux matchs, deux victoires, une qualificat­ion en poche et une première place quasiment assurée (il faut que l’Australie atomise le Danemark et dans le même temps que la France perde largement face à la Tunisie pour perdre sa place de leader), le tableau est tout simplement parfait pour les tenants du titre. L’Argentine, l’Angleterre, la Belgique ou encore l’Allemagne rêverait d’une telle situation. Ne boudons pas notre plaisir. Au sein des Bleus, l’expérience de certains ( Lloris, Varane, Griezmann, Giroud…) est là pour calmer les esprits qui auraient tendance à s’enflammer. Avec un mot d’ordre et un message clair: la route est encore (très) longue pour une équipe de France qui croisera la route de l’Argentine, de la Pologne, de l’Arabie saoudite ou du Mexique en huitièmes de finale… Inutile de faire des projection­s dans ce cas-là. Le foot fiction, très peu pour Deschamps. «Notre équipe s’appuie sur l’expérience de 2016 et 2018, avec de la jeunesse qui arrive fort, qui pousse, c’est un bon mélange entre expérience et jeunesse , atteste Raphaël Varane, en vieux sage qu’il est (29  ans, 88  sélections). C’est un groupe avec beaucoup de talent, mais il faut garder les mêmes valeurs qui ont fait notre réussite ces dernières années. À nous de rester humbles et de faire attention à la mentalité. Le rôle des plus anciens est aussi que la mentalité du groupe reste positive et bonne.»

«On sent un groupe solidaire »

Un discours qui résume parfaiteme­nt cette sélection, pas épargnée par les forfaits en pagaille, un contexte de préparatio­n explosif avec les tensions à la FFF et qui semble faire corps face aux éléments extérieurs. «Didier excelle quand il donne l’impression d’être dos au mur , atteste Philippe Montanier, entraîneur du Toulouse FC. Son pragmatism­e fait merveille, ses choix tactiques sont anticipés et bien sentis. On sent un groupe solidaire, doté d’une immense force collective et d’éléments qui ont compris le message où les individual­ités doivent toujours être au service du groupe et pas l’inverse.» Sentiment identique du côté de Dominique Bathenay (68  ans, 20  sélections). «Je trouve cette équipe de France équilibrée et solide à défaut d’être toujours flamboyant­e» , avance l’ancien milieu de terrain des Bleus et de SaintÉtien­ne. Et force est de constater que le jeu proposé par ces Bleus, avec un système préétabli (4-2-3-1 en phase offensive, 4-3-3 à la perte de balle) laisse augurer de belles choses. À condition que l’état d’esprit demeure.

«Locomotive me» hors nor

Avec un Mbappé qualifié de «locomotive hors norme » et déjà à trois buts en deux matchs, un Giroud toujours aussi affamé et en quête du record historique de Henry, un Griezmann version 2018, un Dembélé plus mûr et mature, programmé pour «semer le chaos» dans les défenses adverses et un collectif de guerriers dans les autres secteurs de jeu, Deschamps a de quoi voir la suite avec sérénité. Sans s’emballer toutefois, conscient que le moindre grain de sable peut dérégler la machine bleue. Cette belle dynamique, qui n’assure rien mais dévoile beaucoup de choses, passe par un nouveau succès contre la Tunisie mercredi (16  heures, TF1), avec une équipe de France remaniée ( «c’est un confort et un luxe», dixit «DD») et des joueurs habitués au banc (Mandanda, Konaté, Guendouzi, Fofana, Thuram, Coman) prêts à combattre pour garder le même degré d’exigence que les titulaires.

 ?? FRANCK FIFE/AFP ?? Face au Danemark, Kylian Mbappé a inscrit son deuxième but sur une passe d’Antoine Griezmann.
FRANCK FIFE/AFP Face au Danemark, Kylian Mbappé a inscrit son deuxième but sur une passe d’Antoine Griezmann.

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