Le Figaro Sport

«J'espère que je compte quand même un minimum dans l'équipe» : sourit Tchouameni, le jeune taulier des Bleus

- Christophe Remise

Bombardé titulaire pour la Coupe du monde, le milieu du Real et des Bleus ne prend pas ombrage du rôle restrictif que lui confie Didier Deschamps.

Envoyé spécial à Doha Aurélien Tchouameni se balade. Que ce soit sur le terrain, avec le Bleus et le Real Madrid, ou devant les micros, le natif de Rouen affiche la même aisance, la même impression de facilité. Tout roule avec Tchouameni, déjà indispensa­ble en équipe de France malgré son jeune âge (22 ans) et son relatif manque d'expérience (16 sélections, 1 but) après les forfaits de la doublette Kanté/Pogba. Et un phare, un leader pour la jeune génération au sein du groupe France ? « Qu'est-ce que cela veut dire au final ? J'ai 16 sélections. J'essaie d'emmagasine­r le maximum d'expérience. Quand on regarde à table, il y a de plus en plus de joueurs avec qui j'ai joué dans les catégories de jeunes. C'est une nouvelle génération qui émerge. Après, leader de cette génération, non, pas forcément, mais j'espère que je compte quand même un minimum dans l'équipe », a souri l'ex-Monégasque ce lundi, à la veille de France-Tunisie (mercredi à 16h).

D'ordinaire, c'est d'ailleurs le capitaine qui est invité à s'exprimer aux côtés de Didier Deschamps à J-1. Les Bleus étant déjà assurés de la qualificat­ion et quasiment certains de terminer premier de leur poule, le sélectionn­eur va probableme­nt opérer un turnover conséquent. À voir si Tchouameni, qui a disputé les huit derniers matches de l'équipe de France, dont sept en tant que titulaire, fera partie de cette rotation. « Il ne sera pas capitaine », a simplement précisé Deschamps. « À titre personnel, j'aimerais enchaîner, on verra ce que le coach décidera de faire », sourit l'intéressé, qui s'attend à être confronté à une « une équipe forte, rugueuse, avec des joueurs talentueux, techniques, qui ont cette capacité à mettre beaucoup d'intensité ». Le tout dans une ambiance forcément à l'avantage des Aigles de Carthage, leurs supporters étant « venus en nombre au Qatar. On aura une bonne ambiance et on vit pour ce genre de match, donc on est content », jure Tchouameni, ravi de découvrir le Mondial, « quelque chose d'unique, il y a plein de choses qui changent ».

Et ce même si Deschamps a choisi de lui confier un costume qui peut, de loin, semblé étriqué pour ses qualités, notamment en matière de projection. Pour cette campagne, Tchouameni, c'est la sentinelle des Bleus. « Entre sentinelle et relayeur, il y a une différence. En sentinelle, ça demande plus de sobriété, on doit beaucoup plus assurer l'équilibre de l'équipe. Forcément, des fois, à des moments dans le match, j'ai envie d'y aller mais je me dis "non" parce que je sais que derrière, s'il y a une contre-attaque, il faut que je sois en place. C'est un rôle qui me tient à coeur, je suis content de l'avoir. À partir du moment où on gagne et que tout se passe bien pour nous, si tout le monde remplit son rôle, tant mieux », souligne Tchouameni, décrivant une « très bonne entente » avec Adrien Rabiot et se disant « impression­né » par le volume de jeu d'Antoine Griezmann.

Pas de frustratio­n

Sentinelle, relayeur, un sujet déjà évoqué par l'ancien joueur des Girondins après la victoire contre le Danemark (2-1). « Je me sens bien, je pense que je suis monté en puissance entre le premier et le deuxième match. C'était un match qui demandait d'autres choses. Après, j'ai les qualités pour faire plein de choses mais le coach me demande surtout de respecter un rôle bien précis. Parfois, forcément, c'est un peu plus sobre... Mais il faut respecter. Et à partir du moment où j'aide l'équipe, c'est le plus important », avait-il indiqué.

Et d'ajouter, tout sourire et avec son aisance habituelle, à propos d'un éventuel sentiment de frustratio­n quant à ce rôle qui le prive de plus monter, plus toucher la balle dans la zone dangereuse : « Si on gagne la Coupe du monde... Non. Forcément, comme le coach l'a dit, je suis capable de faire pas mal de choses mais en fonction de l'adversaire et des joueurs qu'on a dans l'équipe, il faut savoir faire un autre boulot, c'est ce que je fais. S'il y a besoin de faire cela pour l'équipe, aucun problème ! Plus d'apport offensif ? Oui, d'ailleurs, Antoine ( Griezmann) a raté (sur) l'une de mes passes (sourire). C'est vrai. Après, le Mach contre l'Australie, il fallait un peu plus faire attention aux transition­s. Cette fois, on était un peu plus bas sur le terrain, avec moins d'espace, mais c'est sûr que j'ai pu montrer un peu plus mes qualités offensives. Après, ça dépendra de la physionomi­e des matches. Si je dois rester un peu plus bas, il faudra le faire. »

Au vu des forces en présence et des absents, c'est en effet dans ce registre que Didier Deschamps et les Bleus ont le plus besoin d'Aurélien Tchouameni. Ce sera peut-être le cas contre la Tunisie, mais assurément en 8es. Reste à savoir si ce sera contre l'Argentine de Leo Messi, la Pologne, le Mexique ou l'Arabie saoudite, les quatre adversaire­s potentiels de la France. « Il n'y a pas de préférence. Il y a forcément les meilleures équipes en 8es de finale. Tu n'as pas le droit de te cacher. Au bout d'un moment, tu auras forcément les grosses équipes. Argentine, Pologne, Mexique : on sera prêt », jure-t-il, assurant que « les 11 joueurs qui démarreron­t (lundi) auront à coeur de montrer leur meilleur visage et de tout faire pour gagner ».

Parmi eux, il y aura peut- être Eduardo Camavinga… au poste de latéral gauche. Après la blessure de Lucas Hernandez, Deschamps n'a pas d'option évidente s'il veut faire souffler Theo Hernandez. « Je n'avais pas forcément vu les aptitudes de Cama à gauche. C'est pour cela que je ne suis pas coach », sourit Tchouameni, dont on a par ailleurs découvert les talents… de pianiste, dans une vidéo (voir ci-dessus). « Ce n'était pas mal, hein ? Je n'en ai jamais fait de ma vie. C'est la première fois , raconte-t-il. Quand j'ai fait la vidéo, j'avais appris le son depuis 24 heures. Ce n'est pas mal. On a une belle vie de groupe. Il y a différents pôles, poker, cartes/uno et musical. On espère pouvoir faire un petit concert d'ici à la fin de la compétitio­n. » Chiche ? Plus les Bleus iront loin à la Coupe du monde 2022, plus Aurélien Tchouameni aura de temps pour se perfection­ner. Tout bénef.

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FRANCK FIFE / AFP Aurélien Tchouameni compte 16 sélections en équipe de France.

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