Coupe du monde: services, stades, controverse… Premier bilan après une semaine au Qatar
DÉCRYPTAGE - L’envoyé spécial du Figaro fait le point après une semaine de compétition marquée par des polémiques en dehors des stades et du spectacle sur le terrain.
Envoyé spécial à Doha
Jusqu’ici, tout va bien. Au- delà des critiques qui se sont abattues sur le Qatar pour des raisons politiques, écologiques et sociales, la Coupe du monde a débuté sous les meilleurs auspices sur et en dehors des stades. La polémique sur le brassard «One Love» rappelle toutefois que ce Mondial n’est pas comme les autres… État des lieux.
Un déploiement impressionnant de moyens humains
Stades, transports en commun, lieux publics, restaurants ou boutiques diverses… le pays hôte a mis les petits plats dans les grands afin d’accueillir le monde dans les meilleures conditions. Impossible de se perdre. Les moyens humains sont impressionnants, avec toujours une bonne âme pour vous guider, vous aiguiller, vous aider. Celles et ceux qui indiquent le chemin à suivre autour des stations de métro deviennent de petites stars: «metro, this way».
À chacun son quart d’heure de célébrité… Un restaurant ouvert jusqu’à 2 ou 3 heures du matin? Vous y trouverez un effectif encore plus important que dans n’importe quel établissement en France aux heures de pointe… Aux abords ou dans les stades, les forces de l’ordre sont également très présentes, sans se montrer aussi intimidantes que dans les enceintes françaises. Ça n’évite évidemment pas quelques couacs ici et là, par exemple ce souci technique (mineur) à l’entrée d’Angleterre-Iran.
Des transports veau
On pouvait au nicraindre le pire, avec des métros surchargés, des navettes pleines à craquer. Il n’en est rien. Les infrastructures grand luxe du Qatar permettent aux fans de se déplacer dans des conditions plus qu’acceptables lors de cette Coupe du monde. Il faut dire que les stations de métro, flambant neuves, ont des allures de musée. Rutilant. Les rames ont de quoi faire pâlir d’envie les utilisateurs parisiens du métro… Que ce soit avant, pendant ou après les matchs, il n’y a eu, à notre connaissance, aucun mouvement de foule dangereux, encore moins de violence. Le flux des (nombreux) supporteurs est parfaitement géré par l’organisation.
La clim jusqu’à l’excès C’était un sujet de crispation avant le début de la Coupe du monde, notamment du point de vue écologique. Et ce même si les organisateurs jurent que le gros de l’énergie utilisée dans les stades est issu du solaire. D’autant plus que si la compétition a été décalée en hiver, c’est justement afin d’éviter les grosses chaleurs de l’été au Qatar, avec le thermomètre qui grimpe régulièrement à plus de 40 °C. En novembre et décembre, le climat est nettement plus agréable sous ces latitudes. Souvent autour de 25 ° en soirée, jusqu’à 30 °C en journée, avec le soleil qui se couche dès 16 h 45. À tel point que l’utilisation de la climatisation dans les stades pose question. Bien souvent, elle n’est pas nécessaire. Parfois, elle devient même un problème: lors de plusieurs rencontres, il a fallu sortir une petite laine afin de supporter l’air frais pulsé dans les tribunes… Il faut dire que c’est un mode de vie au Qatar, habitué aux chaleurs caniculaires. Taxi, restaurant, logement… Partout! À noter que le stade 974 est le seul à ne pas être pourvu de climatisation. Un goût de naturel qui fait du bien, surtout lors de matchs disputés en soirée, comme France-Danemark par exemple.
De superbes stades… qui ne font pas le plein
Il faut l’avouer, tous les stades de la Coupe du monde sont absolument superbes à tous points de vue, que ce soit dans les tribunes, l’architecture ou encore la qualité de la pelouse. De petits bijoux. On constate toutefois qu’ils ne font que rarement le plein, même si les organisateurs s’enorgueillissaient d’un taux de remplissage de 94 % après la première journée de phase de poules. Un
«chiffre impressionnant» , se réjouit-on, ajoutant que «les chiffres de l’audience télévisée sont en hausse par rapport à la précédente édition» . Pour ce qui est de l’affluence, il est clair que les chiffres sont surévalués. Certaines sources indiquent que tous les billets vendus sont comptabilisés, même en cas de «no show». Ceci explique sans doute cela.
Le brassard corde
C’était l’une des images fortes de ce début de compétition: les joueurs allemands la main sur la bouche avant de la disle match contre le Japon, pendant la photo officielle précédant le coup d’envoi, symbole d’une organisation qui a tout fait pour bannir les brassards «One Love». Huit capitaines européens avaient en effet prévu de le porter, symbole d’inclusion et de tolérance. La France a renoncé, «par respect » pour la culture locale dixit Hugo Lloris, les sept autres nations s’y sont contraintes face aux «sanctions sportives » agitées par la Fifa. Le deuxième maillot de l’équipe belge, blason couleurs arc-en-ciel, a lui aussi été refusé par la fédération internationale, son président, Gianni Infantino, fustigeant les «donneurs de leçons» occidentaux. Des supporteurs se sont vu confisquer des accessoires aux couleurs LGBT+ à l’entrée des stades, ce que les organisateurs se refuseront désormais à faire selon les médias anglais. Certaines fédérations envisagent de se tourner vers le TAS, face à ce manque d’ouverture.
Du jeu, des surprises… et des blessures
Sur le terrain, ce début de Coupe du monde a connu son lot de surprises, avec en premier chef le succès de l’Arabie saoudite d’Hervé Renard sur Lionel Messi et l’Argentine (2-1) et la victoire japonaise face à l’Allemagne (2-1). Globalement, les spectateurs et téléspectateurs en ont pour leur compte, avec ce magnifique ciseau acrobatique signé Richarlison lors de Brésil-Serbie (2-0) comme plus beau but de la compétition. Les stars sont au rendez-vous, de Kylian Mbappé à Lionel Messi, en passant par Robert Lewandowski ou Cristiano Ronaldo. Outre les arrêts de jeu interminables et l’utilisation de la technologie pour juger des hors-jeu au millimètre, on retiendra aussi un nombre conséquent de blessés. Les champions du monde français en ont fait les frais. Ils ne sont pas les seuls. Les Bleus ont toutefois vaincu le signe indien: quatre des cinq derniers lauréats avaient pris la porte avant les 8es de finale. Premier pays hôte battu en ouverture du Mondial, le Qatar (2 défaites) s’inscrit comme le premier pays organisateur éliminé dès la 2e journée de la phase de groupes. Nul n’est prophète en son pays…