Le Figaro Sport

Manque (cruel) de banc, force collective, stars au rendez-vous : quel bilan pour les Bleus après le 1er tour ?

- Baptiste Desprez

ANALYSE - Opposée à la Pologne en 8e de finale de la Coupe du monde, l'équipe de France doit désormais confirmer une première phase, en partie, réussie. Envoyé spécial à Doha

Ce sera donc la Pologne pour l'équipe de France. Pas l'Argentine (première du groupe), ni le Mexique, encore moins l'Arabie saoudite, tous deux éliminés. Les partenaire­s de Robert Lewandowsk­i, battus par l'Albicelest­e (2-0), défieront les champions du monde dimanche (16h) pour une place en quart de finale.

Charge aux Bleus, faibles et décevants avec leur équipe réserve mercredi soir contre la Tunisie (0-1), de ne pas se rater dans « une nouvelle compétitio­n » qui débute dans quatre jours. Avant ce défi, largement dans les cordes des tenants du titre, retour sur une première phase, plutôt bien négociée, quand on se souvient de la malédictio­n autour des tenants du titre ( 4éliminati­ons au premier tour pour les 5 derniers vainqueurs).

Un début de force collective qui doit s'affirmer

De multiples questions occupaient les débats autour de cette équipe de France avant son départ et même lors de son arrivée au Qatar il y a deux semaines. Avec la flopée de forfaits (Pogba, Kanté, Maignan, Kimpembe, Nkunku, Benzema, Hernandez), quel serait son visage à la Coupe du monde ? Quid de son niveau réel ? Quelles ambitions à Doha? Il est encore bien trop tôt pour se prononcer définitive­ment, mais les Bleus version 2022 ont laissé entrevoir de belles choses en termes d'état d'esprit et de cohésion collective. Ajoutez à cela l'immense talent de certaines individual­ités que le monde nous envie et l'ensemble, fait de jeunes et d'anciens, forme un groupe cohérent, solidaire et désireux de marquer au plus profond son adversaire. De leur côté, les cadres, pour le moment, répondent présent, à l'image de Lloris, Griezmann, Giroud et Mbappé. Des doutes demeurent autour de Varane, décevant contre la Tunisie. Une nouvelle compétitio­n débute dès dimanche avec les 8es de finale et la vérité du terrain s'annonce implacable. Mais cette équipe a diffusé l'idée qu'elle ne lâcherait rien malgré les vents contraires. Le ciment de tous les succès.

Deschamps a retenu leçon la

Critiqué pour ses atermoieme­nts durant l'Euro 2021 (éliminatio­n en 8e de finale contre la Suisse), avec notamment le rappel bien trop tardif de Karim Benzema, Didier Deschamps a sciemment préparé son coup pour cette Coupe du monde. Avec des idées claires, un cap connu de tous et des discussion­s en amont de la liste avec certains éléments pour ne pas qu'ils découvrent la feuille de route une fois à Doha. Le sélectionn­eur, dont le contrat prend fin à l'issue du Mondial et qui a pour objectif de se hisser en demi-finale afin d'espérer poursuivre son aventure entamée en 2012 à la tête de l'équipe de France, donne l'impression de ne pas paniquer malgré les nombreux forfaits. À 54 ans, le Basque diffuse sérénité, compréhens­ion, mais réclame aussi une vraie discipline à ses joueurs. En acceptant la venue, cadrée, des familles à Doha, il prouve qu'il sait s'adapter face aux diverses situations. Sur le terrain, sa trouvaille avec Griezmann replacé dans le coeur du jeu, ou le niveau de jeu XXL de Rabiot et Dembélé, prouve aussi son adaptabili­té tactique.

MbappéGrie­zmann, les stars au rendezvous

L'état d'esprit semble être là, la force collective aussi, mais tout cela ne servirait pas à grand-chose sans le talent de certains champions du monde. Deux hommes sont prêts pour endosser toutes les responsabi­lités, dans un cadre commun, et ont brillammen­t bouclé leur premier tour. Pour sa deuxième

Coupe du monde, Kylian Mbappé a débarqué ambitieux et star numéro un des Bleus avec le départ de Karim Benzema. Avec trois buts au compteur et des qualités redoutées par le monde entier, le natif de Bondy, âgé de 23 ans, s'avance comme l'arme fatale de la sélection. S'il garde cette envie de se mettre au service du collectif, et non l'inverse, son Mondial pourrait être fabuleux. Que dire aussi d'Antoine Griezmann, symbole d'altruisme, d'intelligen­ce de jeu et guidé par le désir de faire briller ses partenaire­s… Ou de leur rendre la vie plus douce ? Le Madrilène, 31 ans, n'a pas encore marqué ( passeur décisif pour le but victorieux de Mbappé contre le Danemark), mais il est déterminan­t dans son nouveau rôle hybride de «8 et demi », à la fois au soutien des attaquants et milieu relayeur dans le coeur du jeu. Avec ces deux titrés de 2018 à ce niveau, la France peut rêver en grand.

Une équipe de France sur un fil

Bien entendu,

Didier

Deschamps n'a aidé personne en procédant à un lifting quasicompl­et de son équipe (9 changement­s au coup d'envoi par rapport au match contre le Danemark) mercredi soir contre les Aigles de Carthage. Est-ce pour autant une raison d'avoir vu une telle faiblesse dans le jeu ? En défense, Axel Disasi, lancé au poste de latéral pour sa première cape et Eduardo Camavinga, catastroph­ique lors de la première demiheure, ont des circonstan­ces atténuante­s. Mais les autres ? Jordan Veretout et Mattéo Guendouzi ont clairement affiché leur limite à ce niveau. Qu'on se le dise clairement, ils peuvent remercier les absents sinon ils n'auraient jamais mis les pieds à Doha pour la Coupe du monde. Youssouf Fofana a déçu dans les grandes largeurs, dans l'impact, l'influence dans le jeu ou encore son absence de repli sur le but de Khazri ne manqueront pas de lui être rappelé par le sélectionn­eur dans les prochaines heures. Kingsley Coman n'a rien fait de bon tandis que Randal Kolo Muani était bien trop esseulé pour exister. Le constat est sans appel. Deschamps et son staff ne peuvent pas compter sur tout le monde au Qatar. Cer

tains n'ont vraiment pas le niveau. Au mieux, la sélection peut compter sur quelques éléments en sortie de banc (Konaté, Pavard, Camavinga au milieu, Coman,

Thuram). Cela ne fait que seize éléments sur 24. Pourvu qu'il n'y ait plus de blessés.

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FRANCK FIFE / AFP Didier Deschamps et ses troupes mercredi contre la Tunisie.

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