Tunisie-France : la Marseillaise sifflée ? Tout sauf un événement politique
HUMEUR - Si on peut les regretter, les sifflets tunisiens contre l'hymne français ne doivent pas être sortis du contexte du sport. Et encore récupérés... Envoyé spécial à Doha C'était prévisible et il n'y a pas eu de surprise : La Marseillaise a été sifflée à l'Education City Stadium ce mercredi avant le coup d'envoi de Tunisie-France. Au vu de l'histoire tourmentée entre les deux pays, on pourrait y voir un geste politique des supporters tunisiens, qui avaient d'ailleurs déjà sifflé l'hymne français lors d'un match amical qui avait fait couler beaucoup d'encre en octobre 2008.
« Scandaleux », s'était emporté le président Sarkozy à l'époque. Sa ministre des
Sports, Roselyne Bachelot avait ensuite décrété que « tout match où notre hymne national sera sifflé sera immédiatement arrêté », et certains à l'extrême droite ne s'étaient pas privés de basculer dans la récupération. « Ces Français qui sifflent l'hymne national prouvent qu'ils ne sont que des Français de papier, et que l'intégration de masses étrangères à notre culture est un échec parce que c'est une utopie », avait par exemple signalé Jean-Marie Le Pen, président de ce qu'on appelait encore le Front National.
Nul doute que l'indignation sera encore conséquente cette fois dans l'Hexagone. Sauf que les supporters des Aigles de Carthage se sont fait une spécialité de siffler TOUS les hymnes. C'était déjà le cas lors du match contre le Danemark (0-0), dans ce même Education City Stadium . Ils avaient également sifflé l'hymne brésilien il y a quelques semaines, au Parc des Princes, allant jusqu'à conspuer les Parisiens Neymar et Marquinhos lors de la présentation des équipes, ainsi que l'ancien joueur du PSG Thiago Silva . Le plus critiquable lors de ce BrésilTunisie reste la banane envoyée sur Raphinha...
Malhonnêteté tuelle intellec
Ce jeudi, on notera d'ailleurs que de nombreux supporters français et tunisiens sont arrivés ensemble, dans ce stade à 70% tunisien, sinon plus. On en a même croisé qui portaient à la fois une casquette des Bleus et un maillot tunisien. Un match entre amis en somme, à l'image des compositions de départ, avec de nombreux joueurs de Ligue 1 ou au moins passés par la France dans les deux équipes.
Pour le reste, ces sifflets sont ceux de supporters qui s'en prennent à l'équipe adverse plus qu'à un pays, ici la France. On a le droit de le regretter, de dire que la Coupe du monde devrait être l'occasion de célébrer une forme d'unité entre les peuples. Une chose est sûre : toute autre interprétation relève au mieux de la malhonnêteté intellectuelle. D'ailleurs, il fut un temps où la Marseillaise était régulièrement sifflée dans les stades. Ça avait été le cas en 2007, à San Siro, contre l'Italie.
Michel Platini avait tout résumé en 2008, pour Le Monde : « Une fois encore, le football est pris en otage par le monde politique. Cette histoire de sifflets est devenue une affaire politique qui n'a rien à voir avec le sport. Quand je jouais avec l'équipe de France, La Marseillaise était sifflée sur tous les terrains. Mais à l'époque, les politiques ne s'intéressaient pas au football et ça ne choquait personne, cela ne constituait pas une insulte à la France mais simplement des manifestations contre un adversaire d'un soir ». Des propos qui n'ont pas pris une ride. À bon entendeur...