«Le meilleur joueur de la Pologne, c'est le gardien, ça veut tout dire»: ex- international polonais, Perquis juge l'adversaire des Bleus
Consultant beIN SPORTS, Damien Perquis décrypte, pour Le Figaro , les forces et faiblesses de l'adversaire des Bleus en 8es de finale de la Coupe du monde.
Que faut-il attendre de la Pologne ? Deuxième de son groupe derrière l'Argentine, l'équipe de Czeslaw Michniewicz dispose d'éléments reconnus au niveau européen (Lewandowski, Zielinski, Szczesny…) et de nombreux joueurs bien connus en Ligue 1 (Glik, Krychowiak, Milik…). Alléchant sur le papier. Beaucoup moins sur le terrain… Les critiques pleuvent en effet sur les Aigles blancs et leur jeu ultra-restrictif. Décryptage signé Damien Perquis (38 ans) pour Le Figaro , avant le 8e de finale de la Coupe du monde qui opposera dimanche (16h), au stade Al-Thumama de Doha, les Aigles blancs à l'équipe de France . Notamment passé par Sochaux, Troyes, le GFC Ajaccio ou Saint-Etienne et ancien international U21 tricolore, le consultant beIN SPORTS , diffuseur de la Coupe du monde, a porté les couleurs de la Pologne sur la scène internationale (14 sél, 1 but).
LE FIGARO. - Quelles sont les principales forces de cette équipe de Pologne ? Damien PERQUIS. - Depuis le début de la Coupe du monde, c'est compliqué de relever des points positifs en fait... On n'a pas vu la Pologne que tout le monde attend. L'équipe est arrivée au Qatar sans réel objectif. Derrière, on ne savait pas trop si l'équipe partait dans l'idée de produire du jeu ou pas. Et quand on voit ce qu'ils ont proposé jusqu'ici, c'est compliqué de voir du positif, même s'il y a cette qualification, qu'ils ont été au bout d'eux-mêmes pour la conquérir, avec un bel état d'esprit. C'est peut-être ça qu'on peut être en avant... Mais aujourd'hui, le meilleur joueur, c'est Wojciech Szczesny (le gardien, NDLR), ça veut tout dire... La Pologne concède beaucoup d'occasions et marque peu de buts (2 contre l'Arabie saoudite, NDLR). Forcément, c'est qu'il y a un problème...
La Pologne dispose pourtant de joueurs de qualité, des joueurs de ballon qu'on voit briller en club, à l'image de Robert Lewandowski (Barça) et Piotr Zielinski (Naples)... Des joueurs qui sont un peu sous-utilisés. Et ce n'est pas que ça. On ne voit pas les latéraux, Bartosz Bereszynski qui va très vite et qui pourrait apporter sur son côté gauche, même s'il est droitier, ou Matty Cash, qu'on ne voit pas suffisamment non plus. Pourquoi ? Parce qu'ils passent leur temps à défendre et qu'ils perdent rapidement le ballon en cherchant Lewandowski très vite en profondeur, et à 34 ans c'est forcément compliqué pour lui d'enchaîner les sprints. Il manque de liant dans cette équipe.
Que pouvezvous dire du sélectionneur Czeslaw Michniewicz, en poste depuis seulement quelques mois à la tête de cette équipe de Pologne ? Il est assez intrigant. Il a pris la suite de Paulo Sousa en début d'année. Je suis assez étonné de sa manière de s'exprimer en conférence de presse. Après le match contre le Mexique, il a par exemple expliqué que son plan était de ne pas perdre, alors que c'était le match qu'il était important de gagner à mon humble avis (0- 0)... Contre l'Arabie saoudite (victoire 2-0), il ne faut pas oublier que Szczesny sort un penalty. Même si vous touchez la barre et le poteau derrière, ça reste assez fébrile... Et contre l'Argentine (0-2), on n'a joué que pour ne pas prendre une valise. Il est beaucoup dans l'adaptation et son plan de jeu est ultradéfensif. C'est un ancien gardien, ça aide peut-être à comprendre son plan tactique... Mais j'ai aussi vu d'anciens portiers opter pour des plans de jeu beaucoup plus offensifs, à l'image de Philippe Montanier. C'est assez surprenant. D'ailleurs, il défend pour ne pas prendre de but, mais le problème est que Szczesny a fait beaucoup d'arrêts depuis le début de la compétition. Ça veut dire que même en ayant ce plan de jeu, la Pologne n'a pas été spécialement solide dans le jeu...
Dans ces conditions, on imagine que vous pronostiqueriez une victoire de la France... Mettons les deux équipes en parallèle. Et oublions le match de la Tunisie parce que ce n'est pas l'équipe de France qui débutera dimanche. Les Bleus sont sur une dynamique positive, avec un collectif retrouvé, un rouleau compresseur dès qu'il se met en marche, et ils vont affronter une équipe qui va vouloir défendre. La Pologne défend d'ailleurs très bien dans l'axe, mais a souvent été mise en difficulté sur les côtés, point fort de l'équipe de France. À un moment donné, soit le sélectionneur change quelque chose tactiquement et les Polonais peuvent espérer quelque chose, contenir cette équipe de France. Encore que, il ne faudrait pas qu'il y ait un grain de sable dans la machine, un but, parce que ça pourrait vite se transformer en partie de boules...
Quel genre de coéquipier est Lewandowski, aux côtés duquel vous avez évolué 12 reprises au début des années 2010 ? Quand j'ai joué avec lui, c'était un jeune joueur qui montait, il n'était pas très communicatif, restait dans son coin. Maintenant, il a ce rôle de leader qui fait qu'il prend beaucoup plus la parole, il doit montrer l'exemple et tirer cette sélection vers le haut. C'est quelqu'un de très respectueux, le coéquipier modèle, quelqu'un de très bien.