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Les vendanges de Lukaku, le «seum» belge, la classe de Modric… Les coups de coeur/griffe de notre envoyé spécial après Croatie-Belgique

- Baptiste Desprez

Retrouvez les impression­s de l'envoyé spécial du Figaro présent au stade Bin Ali lors de Croatie-Belgique (0- 0) et de la qualificat­ion des partenaire­s de Luka Modric.

Envoyé spécial à Doha

Coups de coeur

Modric, toujours aussi délicieux Du droit, du gauche, jeu court, jeu long, on ne cesse de le répéter, mais c'est une chance de voir Luka Modric à l'oeuvre. Il ne court pas vite, n'est pas costaud, mais le Ballon d'Or 2018 sent les choses et voit plus vite que tout le monde. Son fameux «exter'» du pied droit est à diffuser dans toutes les écoles de foot, comme son geste de la semelle pour s'emmener le ballon. Chef d'orchestre des finalistes de la Coupe du monde en Russie, le milieu de terrain de 37 ans a encore prouvé son importance dans le collectif des siens. À deux reprises (55e, 68e), il aurait pu tromper son partenaire du Real Madrid et adversaire du soir, Thibaut Courtois. En vain. Mais dans sa gestion des temps forts, des temps faibles, sa capacité à donner le tempo d'un simple geste, Luka Modric a encore donné la leçon à un milieu de terrain belge très décevant. Vivement la suite en 8es de finale.

Courtois, seul belge à surnager Dans le naufrage belge, déjà contraint de quitter le Qatar dès les phases de poule, Thibaut Courtois a tenu son rang jeudi soir. L'un des rares membres de la sélection de Roberto Martinez à pouvoir se regarder dans la glace, tout du moins sur la rencontre décisive qui a accouché d'un triste match nul (0-0) contre la Croatie sur la pelouse fatiguée du stade Ben Ali. À plusieurs reprises (50e, 54e, 55e, 68e), le «meilleur gardien du monde» a tenu son équipe debout, face à des inspiratio­ns de Kovacic ou Modric. Mais cela n'a pas suffi, ses partenaire­s n'ont pas été au niveau attendu, contrairem­ent à lui. À des années-lumière de l'équipe conquérant­e entrevue en 2018 en Russie. Et la confirmati­on de la fin d'une époque chez nos voisins belges. La définition du « seum ».

Coups de griffe

Des Belges lessivés et sans idée À se demander qui devait gagner mercredi soir sur la pelouse du stade Bin Ali de Doha. Lors du premier acte, avec dans le même temps une sélection marocaine qui faisait la course en tête contre le Canada (1-2 à la pause), les Diables Rouges n'ont strictemen­t rien montré. Une équipe sans idée, sans âme, sans changement de rythme, encore moins de percussion et en dehors d'un rush de De Bruyne avec une occasion pour Mertens (14e), rien à se mettre sous la dent. Bien trop peu pour une sélection dans l'obligation de l'emporter face à des Croates qui n'ont cessé de jouer à leur (petit) train et auraient pu même prendre les devants après un penalty refusé sur hors-jeu (16e). Signe d'un rendement bien trop neutre, Roberto Martinez a tenté de mettre la pression sur ses titulaires avec l'échauffeme­nt de Hazard, Lukaku et Tielemans dès la 35e minute… En vain. Un peu mieux en seconde période mais trop peu pour espérer entrevoir les 8es de finale de la Coupe du monde. Un fiasco pour la génération De

Bruyne, Hazard, Vertonghen, rongée par les doutes, les conflits et jamais à son niveau au Qatar.

La détresse et les vendanges Lukaku Une des images de cette Coupe du monde. Romelo Lukaku, prostré et en larmes sur le bord du terrain, réconforté par Thierry Henry après le coup de sifflet final. Pendant de longues secondes le champion du monde 1998, adjoint de Roberto Martinez en sélection belge, tentera de réconforte­r le buteur de l'Inter Milan. En vain. Avec trois occasions énormes (60e, 87e, 90e) à son actif, après son entrée en jeu à la place de Dries Mertens au retour des vestiaires, Romelo Lukaku aurait pu être le sauveur des Diables Rouges. Raté. Dans les grandes largeurs. Il a vendangé et précipité la chute des siens. Après la rencontre, il passera sa rage sur le plexiglas du banc belge, en colère et conscient d'avoir raté son rendez-vous. Les prochaines semaines s'annoncent très longues pour le malheureux du soir.

L'ennui aussi dans les tribunes Quand vous avez la chance de voir plusieurs rencontres – ce qui est notre cas – dans cette Coupe du monde au Qatar, il est impossible de ne pas comparer les ambiances dans les tribunes. Autant vous dire que l'atmosphère de ce Croatie-Belgique, malgré 43.984 spectateur­s, ne restera pas gravée dans notre mémoire. À se demander même si les supporters des deux camps étaient au courant de l'enjeu de cette rencontre… On exagère un peu mais quand on voit l'enthousias­me des fans marocains, tunisiens ou la folie des Argentins, le manque de décibels jeudi soir au stade Bin Ali pour un match dont l'issue validait ou non une place en 8es de finale, on était en droit de s'attendre à un accueil plus chaleureux. Une ambiance plus colorée et survoltée. À de rares exceptions, ce fut le calme plat. Pour un ennui profond qui fut sagement bousculé au coup de sifflet final avec des fans croates aux anges.

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Panoramic En pleurs, Romelu Lukaku dans les bras de Thierry Henry, entraîneur adjoint de la Belgique

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