Le Figaro Sport

Coupe du monde : pourquoi l'Argentine ne peut pas perdre face à l'Australie

- Cédric Callier plus déséquilib­rée.

ANALYSE - De tous les 8es de finale de ce millésime 2022, l'opposition entre les Gauchos de Lionel Messi et les Socceroos apparaît la

En prenant la deuxième place du Groupe D derrière la France, l'Australie a créé l'une des sensations de la phase de groupes. D'autant plus après sa nette défaite inaugurale face aux Bleus (1- 4), qui ne laissait rien présager de bon pour la suite. Mais derrière, les Socceroos ont su se remettre la tête à l'endroit et solidifier leur arrière-garde pour dominer tour à tour la Tunisie (1-0) et le Danemark (1-0) et faire ainsi aussi bien qu'en 2006, lorsqu'ils avaient été éliminés en 8es de finale par l'Italie (1-0) sur un penalty dans le temps additionne­l. Un sort qui leur pend au nez a priori ce samedi (20h00) face à l'Argentine, immense favorite sur le papier d'un 8e de finale qui apparaît d'assez loin comme le plus déséquilib­ré. À moins que la glorieuse incertitud­e du sport ne vienne une énième fois bousculer les pronostics…

Parce que l'Argentine déjà payé pour le savoir dans ce Mondial a

Comme un homme, un footballeu­r averti en vaut souvent deux. Pour leur entrée dans la compétitio­n, les Argentins, peut-être trop confiants ou sûrs d'eux avec leur invincibil­ité en cours de 36 matches, ont subi la loi de modeste formation saoudienne dirigée par Hervé Renard (1-2). Un véritable coup de tonnerre, qui a chamboulé les têtes sud-américaine­s. Dans le bon sens du terme, heureuseme­nt pour leurs supporters. Un revers qui a dégonflé quelques égos mal placés et qui, surtout, a obligé les Gauchos à élever leur niveau, tout en jouant plus simple.

Le genre de piqûre de rappel idéal avant de défier une autre formation contre qui ils font figure de grands favoris. Après avoir frôlé la sortie de route précoce, l'Argentine ne peut pas se prendre une deuxième fois les pieds dans le tapis avec des joueurs d'expérience comme Lionel Messi, Angel Di Maria ou encore Nicolas Otamendi. Et si besoin était, le sélectionn­eur argentin Lionel Scaloni l'a rappelé en conférence de presse d'avant-match :« Je ne sais pas si l'adversaire est inférieur. C'est une bonne équipe et c'est toujours difficile d'affronter un collectif qui sait ce qu'il veut. Je crois qu'il faut laisser de côté les favoris théoriques et jouer au football. On va essayer de jouer au mieux et d'avoir le contrôle du jeu. »

Parce que les Gauchos montent en puissance

Si l'Espagne a démarré le pied au plancher en écrasant le Costa Rica (7-0) avant de rentrer dans le rang, l'Argen

tine, elle, paraît suivre une courbe inverse, à savoir ascendante. Après la bouillie de football offerte face à l'Arabie saoudite, les Gauchos ont clairement élevé leur niveau face au Mexique, notamment en seconde période avec des buts de Messi et Enzo Fernandez (2-0). Et leur dernière prestation face à la Pologne a été de loin la plus aboutie (2-0). Dominateur­s dans tous les secteurs, avec notamment plus de 70% de possession de balle et 23 tirs tentés (dont 12 cadrés), les Sud-Américains auraient pu, et dû, s'imposer sur un écart plus conséquent sans une grande performanc­e de Szczesny. S'ils réitèrent le même type de performanc­e contre l'Australie, difficile d'imaginer les Socceroos réaliser une nouvelle surprise.

Parce que Lionel Messi ne peut pas partir maintenant

À 35 ans, tout le monde le sait, Lionel Messi vit au Qatar la dernière Coupe du monde de sa carrière. En quête du seul trophée qui manque à son formidable palmarès. Le joueur du Paris SG est donc investi d'une mission. Avec 2 buts et une passe décisive jusqu'à présent, le numéro 10 est au rendez-vous. D’autant plus qu'il est le véritable dépositair­e du jeu argentin. Face à la Pologne, en particulie­r lors du second acte, c'était lui qui impulsait chaque accélérati­on, non pas par la course vu qu'il n'a plus tout à fait les mêmes qualités d'explosivit­é qu'avant, mais par la qualité de ses passes et sa vision du jeu. L'Australie peut-elle réussir à restreindr­e son périmètre d'action, et par-là même sa dangerosit­é ? Peu probable…

Parce que l'Australie manque d'atouts

Commençons par le positif : depuis le début de ce Mondial, l'Australie a marqué à chacune de ses sorties, et a même à chaque fois ouvert le score. Y compris, donc, contre la France. Défensivem­ent, les Socceroos restent sur deux matches sans encaisser de but. Mais la faiblesse du jeu offensif tunisien et la contre-performanc­e globale du Danemark sur cette compétitio­n ne s'avèrent pas vraiment comme des références au moment de défier Messi, Lautaro Martinez et consorts. Surtout, aucun joueur ne ressort vraiment du collectif australien. Trois buts marqués par trois buteurs différents – Duke, Goodwin, Leckie –, seulement 7 tirs cadrés en tout et pour tout en trois matches, l'Australie s'est frayé un chemin en 8es plus grâce à sa solidité qu'à son jeu chatoyant. Sauf qu'au moment d'aborder les matches à éliminatio­n directe, la force des individual­ités pèse davantage. Et leur absence pourrait sérieuseme­nt handicaper la bande à Matthew Ryan.

Parce que les Socceroos ne l'ont jamais fait

Jamais l'Australie n'a atteint un quart de finale de Coupe du monde. Jamais, non plus, elle n'a battu l'Argentine en trois confrontat­ions - deux défaites et un match nul qui remonte au 30 octobre… 1993 (1-1). C'est dire l'ampleur de la tâche qui attend les Socceroos. Même si Graham Arnold refuse de s'avouer vaincu avant l'heure : « On est très heureux d'être là et impatients de jouer et de rendre notre pays fier une fois de plus. Tout peut arriver en éliminatio­n directe. Ce seront 11 bleus contre 11 jaunes et c'est une bataille qu'on doit mener. » Même son de cloche pour son défenseur Harry Souttar :« On croit tellement en nous et en ce qu'on peut faire. Nous, on n'est pas surpris d'être là, même si je sais que beaucoup de gens le sont. On a déjà surpris pas mal de monde, on va essayer d'en surprendre quelques autres. » Maintenant, des notes d'intention à la réalité, il y a bien souvent un grand écart difficile à combler…

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JENNIFER LORENZINI / PANORAMIC Lionel Messi

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