Coupe du monde : honte à ceux pensant que l'Espagne a fait exprès de perdre
HUMEUR – De nombreux (pseudo) spécialistes ont émis l'hypothèse que les Espagnols auraient intentionnellement laissé filer le match contre le Japon. Une hérésie, autant qu'une insulte.
Et si l'Espagne avait fait exprès de perdre contre le Japon (1-2) jeudi soir pour, à la fois, renvoyer l'Allemagne chez elle et s'éviter la moitié de tableau du Brésil lors de la phase à élimination directe qui s'ouvrira ce samedi avec les premiers 8es de finale ? Sur le papier, évidemment, la perspective ne manque pas d'attraits pour la sélection ibérique. Sauf que le football s'écrit rarement uniquement sur une feuille, avec la colonne des vainqueurs certains et celle des victimes acquises.
Surtout, croire en une telle hypothèse, au-delà du simple fait de faire de vous « un complotiste du ballon rond », s'avère être une véritable insulte au mérite des Japonais. À moins, bien sûr, que les Allemands aient eux aussi fait exprès de perdre contre les Blue Samouraï lors de leur premier match (1-2) afin de partir plus tôt en vacances ?
Un peu de sérieux et de respect s'impose. Si l'Espagne a perdu jeudi soir, elle le doit à de nombreux facteurs, mais pas à une volonté préétablie de perdre pour ne pas avoir à croiser le fer avec le présumé ogre brésilien avant une éventuelle finale. Entre leurs insuffisances d'un soir, la qualité des joueurs nippons et aussi leur réussite sur un second but inscrit à l'extrême limite de la sortie de but, les joueurs de Luis Enrique n'ont rien eu pour eux. Hormis une possession de balle gigantesque à ce niveau de la compétition – 82% selon les statisticiens –, dont ils sont coutumiers du fait. Mais dont ils ne parviennent pas toujours à en tirer les bénéfices.
L'Espagne a même été éliminée quelques minutes
Et, faut-il le rappeler, pendant trois minutes, lorsque le Costa Rica mena au score face à l'Allemagne entre la 70e et 73e minute de jeu, l'Espagne était virtuellement éliminée de la compétition. Si elle disputera un 8e de finale contre le Maroc mardi prochain à 16h, elle ne le doit qu'à la réaction d'orgueil allemande (victoire 4-2). Or, il apparaît inconcevable d'imaginer les Espagnols remettre leur destin au… réalisme offensif en carton de la Mannschaft sur cette Coupe du monde.
Non, si la Roja n'a eu de « furia » que de surnom jeudi soir au stade Khalifa de Doha, c'est tout simplement car elle a été dans un jour sans. Comme le résumait très bien Sergio Busquets, meilleur de toute évidence pour analyser le match que pour le jouer : « Nous n'étions pas à l'aise car les Japonais ont très bien fermé les lignes de passe et il nous était difficile de créer du danger. Nous savions que ce serait comme ça, ces deux buts leur ont donné confiance. Nous voulions être les premiers et gagner, nous n'avions pas à choisir un rival, ni celui qui sort. Maintenant, nous terminons deuxièmes du groupe, ce qui ne veut pas dire que la suite sera plus facile ou difficile. »
Si l'Espagne a balbutié son football, c'est également sans doute en raison des multiples changements opérés par Luis Enrique. Certes, le sélectionneur ibère n'a pas procédé au même « all in » que Didier Deschamps face à la Tunisieseulement cinq changements contre neuf pour les Bleus -, mais nul doute que la jeunesse de Williams ou Balde a peut- être pesé dans la balance. Demandez à Veretout ou Guendouzi s'il est facile de s'improviser titulaire en Coupe du monde.
Donc si on peut accuser l'Espagne d'un tort, c'est peut-être celui de la suffisance face aux Japonais, alors même que les Ibères n'étaient pas certains d'être qualifiés. Mais, pour voyager loin, il faut savoir ménager sa monture... Enrique a pris un risque, il l'a payé d'une défaite involontaire contre le Japon, mais la suite pourrait lui donner raison. Et puis comme l'affirmait à juste titre Alvaro Morata après la rencontre : « Nous avons passé un mauvais moment contre le Japon, mais nous sommes encore qualifiés. Demandez aux autres équipes si elles se soucient de passer avec une bonne ou une mauvaise image. » Oui, c'est vrai chers amis qui voient le mal et le complot partout, allez donc poser la question aux Belges et aux Allemands...