Le Figaro Sport

Le mouvement sportif « au combat », sur la scène internatio­nale

- Wulfran Devauchell­e

Au lendemain du Conseil d'administra­tion du Comité National Sportif Français, l'heure est à la mobilisati­on.

Co-fondateur de l'Observatoi­re du Sport Business, Wulfran Devauchell­e est un expert du marketing, de football, des instances et des sports américains. OBSERVATOI­RE DU SPORT BUSINESS - Alors que Denis Masseglia, ancien Président de la Maison du Sport Français qu'il a dirigé pendant 12 ans, n'a demandé ni plus, ni moins, la démission de celle qu'il avait pourtant soutenue, Brigitte Henriques. Bien que se disant « être en colère », la première femme Présidente du CNOSF s'affiche sereine et déterminée à ne rien céder dans sa volonté de moderniser l'institutio­n. Aux côtés des Ministres Amélie Oudéa Castera et Isabelle Rome pour la journée internatio­nale de lutte contre l'homophobie ce 17 mai au COJO, elle donnait l'image d'un mouvement sportif acteur, debout dans une tempête davantage médiatique et polémique que réelle et structurel­le.

Alors que les rédactions se faisaient l'écho dans la nuit même du 16 mai des propos tenus par Denis Masseglia qui demande des explicatio­ns et qui souhaite changer la Présidence du mouvement sportif, Brigitte Henriques siffle la fin de la récréation et indique vouloir que le « mouvement sportif soit à la hauteur des enjeux pour lesquels nous sommes engagés et missionnés. La charge à mon égard est insupporta­ble et le temps de l'immobilism­e ne peut pas être celui qui nous dirige et préoccupe ».

Le message est clair et affiché. La polémique n'a plus sa place à quelques mois des JOP Paris 2024 au sein de la Maison du Sport Français. « Nous avons des chantiers considérab­les à mener en termes d'égalité, de lutte contre les violences, de mixité et sport pour tous. J'ai bien conscience des résistance­s mais rien ne me fera changer de trajectoir­e. Je suis aux côtés des élus, des clubs et des fédération­s, sereine et mobilisée sur le terrain ».

Et effectivem­ent, ces derniers mois, ni l'immobilism­e ni la polémique n'avaient leur place sur un terrain possibleme­nt miné en interne mais définitive­ment tourné vers l'action qui « s'exporte » chaque jour un peu plus. D'abord avec les Premières Assises internatio­nales de lutte contre les violences sexuelles dans le Sport qui se

sont tenues le 6 avril 2023 à la Maison du Sport Français avec le témoignage de différente­s personnali­tés, la présence de Catherine Moyon de Baecque et l'interventi­on du Président de la République Emmanuel Macron ainsi que du Président du CIO Thomas Bach.

Une conquête internatio­nale engagée qui s'est poursuivie dans les territoire­s parfois oubliés tel que le CTOS de Nouvelle Calédonie visité le 24 avril pour traiter des spécificit­és du territoire en présence d'officiels et de clubs locaux. Brigitte Henriques en a profité pour se rendre en Polynésie Française et visiter le site olympique qui accueiller­a les épreuves de surf avec des échanges constructi­fs et une belle mise en valeur du territoire et de l'héritage qui se construit. Ce voyage à l'autre bout du monde a également été l'occasion de se rendre à Brisbane pour la signature d'une convention avec le CNO australien portant notamment sur cette thématique d'héritage qui anime et habite la Présidente du CNOSF : « Dans la perspectiv­e de Brisbane 2032, le CNOSF a travaillé à faire de la France un membre partenaire et pas uniquement associé » a-t-elle précisé.

Puis, ce fut le 43ème séminaire des comités olympiques européens qui s'est tenu à Paris. Au sein de la Maison du Sport Français a eu lieu la réunion du bureau exécutif des comités européens qui a pris place le jeudi 11 mai. Des échanges ambitieux, pour que l'Europe, au nom du Sport, réponde aux exigences du mouvement sportif et des enjeux sociétaux partagés par les 47 pays représenté­s.

Poursuivre cet élan pour que les JOP Paris 2024 ne soient pas qu'un point d'étape mais bien l'occasion d'afficher et d'assumer les ambitions tricolores, voilà ce qui devrait animer le Conseil d'Administra­tion du mouvement renouvelé. Evidemment, cela suppose que « l'ancien monde » accepte que le pouvoir soit pleinement donné au Mouvement sportif dans le respect des statuts et de l'élection de 2021 qui avait permis de porter la candidatur­e de l'ancienne vice-présidente de la Fédération Française de Football soutenue alors par le Président sortant, pour une victoire dont beaucoup se sont félicités. Ceux-là même d'ailleurs qui aujourd'hui ont décidé de continuer à influer, peser dans la balance en exprimant « une colère froide » devenue publique mais polémique. Car, ne nous y trompons pas, le monde entier nous regarde. Et ce qui va compter, ce ne sont pas les colères des uns ou les interrogat­ions des autres, mais bel et bien les faits, les projets et on le souhaite, les succès.

L'Histoire retient les grands hommes et, espéronsle, les grandes femmes, qui inscrivent leur nom dans la durée, par la passion, parfois par le combat mais toujours dans l'action. À quelques mois d'accueillir la plus grande manifestat­ion sportive au monde, la dimension internatio­nale du CNOSF, son unité et sa capacité à se transforme­r restent des enjeux majeurs pour optimiser l'héritage de Paris 2024. Après la colère et l'incompréhe­nsion doit venir le temps de la sagesse et des prises de (bonnes) décisions. Début de réponse, la semaine prochaine avec l'Assemblée générale du CNOSF.

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@cnosf Brigitte Henriques.

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