Le Figaro Sport

Champions Cup: Antoine Hastoy, le canonnier qui a renforcé l’armada rochelaise

- Arnaud Coudry

Arrivé de Pau en début d’exercice, l’ouvreur internatio­nal a confirmé sa progressio­n en s’imposant comme le maître à jouer et le buteur fiable du Stade Rochelais.

Envoyé spécial à Dublin Avant de retrouver le Leinster en finale de la Champions Cup pour tenter un retentissa­nt doublé continenta­l, Ronan O’Gara, le manager de La Rochelle, reconnaît qu’«il y a une différence par rapport à l’an dernier. Ce serait mentir que de dire autre chose.» Laurent Labit, ancien mentor de O’Gara au Racing 92, voit une différence notable. «Pour moi, ils ont une arme qu’ils n’avaient pas l’année dernière: ils ont un buteur. Avec l’efficacité d’Antoine Hastoy, ils peuvent se permettre de mettre trois points et de ne pas être obligés d’aller sur des mêlées ou des mauls, explique l’entraîneur de l’attaque du XV de France. Ils savaient, avant, qu’il y avait peu de chances de mettre trois points. Par le pied, ils ont une corde supplément­aire à leur arc.»

Arrivé en provenance de la Section paloise chez des Maritimes tout juste auréolés de leur premier titre de champions d’Europe, Antoine Hastoy s’est rapidement imposé comme le demi d’ouverture de niveau internatio­nal que cherchait le club à la caravelle, après le départ de l’inconstant Ihaia West à Toulon. «Mon arrivée dans le groupe s’est très bien passée, confie au Figaro l’ouvreur de 25 ans. Toutes les recrues ont été bien accueillie­s. Après, il fallait s’habituer à un nouvel environnem­ent mais j’ai senti que tout se mettait bien en place et que j’étais bien épanoui.»

Pourtant, tout n’a pas été rose en début d’exercice. Le Stade Rochelais a eu du mal à remettre la marche avant, concédant notamment trois revers en Top 14 dans son stade jadis imprenable de Marcel-Deflandre. Antoine Hastoy concède qu’il lui a fallu également du temps pour donner la pleine mesure de son talent. «Je n’ai pas toujours été content de mes premiers matchs. Derrière, on a eu un peu de mal en début de saison à bien se servir de l’avancée de notre pack très puissant, reconnaît-il. Cela commence à être beaucoup mieux, notre match contre Exeter (en demi-finale, NDLR) a été très bon. On a eu des périodes compliquée­s en début d’année, mais là ça commence à très bien fonctionne­r. Samedi, il faut que je fasse ma meilleure prestation de la saison.»

Mais le numéro 10, dans la progressio­n qu’il voulait dans sa carrière, est venu à La Rochelle pour disputer ce genre de match au sommet. Et soulever des trophées. «Je sens que j’ai progressé. Cela passe aussi par le fait que je peux jouer des matchs importants, des matchs de phase finale. C’est dans ces momentslà qu’il faut que je sois bon. Je suis content de la place que j’ai prise dans le groupe, dans ma gestion du jeu de l’équipe.»

«Pas de complexes»

En choisissan­t de rallier la Charente-Maritime, il souhaitait aussi profiter de l’expérience et de l’expertise de Ronan O’Gara, ouvreur de légende du Munster et du XV du Trèfle. «On échange beaucoup. J’étais venu aussi à La Rochelle pour Ronan,

confirme-t-il. Je suis content de travailler avec lui, il m’apporte toute sa confiance. C’est un avantage d’avoir quelqu’un qui connaît le poste. Au-delà, il veut faire progresser l’équipe, il a cette rage en lui et il arrive à la diffuser à tout le groupe.» Et d’ajouter sur son manager réputé pour ses méthodes abruptes: «Il est exigeant mais il est honnête. Il gueule quand il le faut, quand il sent que l’équipe n’est pas à son meilleur niveau. Il est piquant quand il faut être piquant…»

Une chose est certaine: les Rochelais n’arrivent pas à Dublin en victimes expiatoire­s, bien décidés à conserver leur titre continenta­l. «C’est sûr que l’on ne fait pas de complexes, assène Antoine Hastoy. Peut-être que ces deux dernières victoires contre eux

(demi-finale 2021 et finale 2022, NDLR), ça nous aide. Et notre confiance a aussi grimpé cette saison, notamment avec les victoires dans les matchs couperets. On ne se sent pas inférieurs. On va clairement là-bas pour gagner et faire un gros match.»

Il détaille les forces des Leinsterme­n, même s’ils seront privés de leur ouvreur star Jonathan Sexton: «Il ne sera pas là mais Ross Byrne enchaîne les matchs avec eux depuis le Tournoi des six nations. Il a repris le rôle de patron de cette équipe. Ça change un peu les choses, mais ils sont aussi confiants comme ça. On connaît tous leurs qualités. C’est une équipe très organisée, qui attaque très bien quand elle a le ballon. Mais, nous, on a notre plan et on a confiance en lui pour aller gagner là-bas. Ça va être un match très compliqué, il va falloir que l’on joue à notre meilleur niveau.»

La Coupe du monde en pespective

Le demi d’ouverture internatio­nal, qui compte deux sélections (court revers 33-30 en Australie en 2021, succès 23-42 au Japon en 2022), sait qu’il va être scruté de près. Pour le match le plus important de sa jeune carrière? «C’est un match pour un titre. Je préfère me dire que c’est le premier match le plus important de ma carrière. Je vois ça de façon positive», avance-til, serein. Sa première finale sera aussi l’occasion de se mettre (un peu plus) en lumière avant la Coupe du monde. «Pour l’instant, les semaines sont très chargées avec le Stade Rochelais, donc je n’y pense pas trop. Mais bien sûr que c’est dans un coin de ma tête. On a tous envie de faire partie de cette aventure. J’essaie de me donner tous les moyens pour y parvenir.»

En marquant notamment des points auprès du staff tricolore qui mise, à son poste, sur le Toulousain Romain Ntamack et le Bordelais Matthieu Jalibert. «De toute façon, la hiérarchie est comme ça… Il faut que je sois très bon pour pouvoir essayer de bousculer les choses. Et cela passera par des très bonnes performanc­es.»

Ronan O’Gara, éternel perfection­niste, reste en tout cas convaincu que la marge de progressio­n de son ouvreur est grande. «Il doit encore s’améliorer pour être capable, à certains moments, de tuer l’équipe adverse, avait confié le technicien irlandais, début mars. En réussissan­t un drop par-ci, en passant une pénalité de plus… Pour être dans les 23 de l’équipe de France, c’est le dernier truc qu’il a à améliorer. Mais n’oubliez pas son âge! Il n’a que 25 ans. Dans cinq ans, il sera encore meilleur.»

 ?? GEOFF CADDICK/AFP ?? Antoine Hastoy.
GEOFF CADDICK/AFP Antoine Hastoy.

Newspapers in French

Newspapers from France