Le Figaro Sport

«Il commençait à être un peu vieux, non ?» : Morgan Parra raconté (avec humour) par ses anciens coéquipier­s

- Thomas Larroquett­e

EXCLUSIF - L'ex-demi de mêlée du XV de France et de Clermont dispute, peutêtre, le dernier match de sa carrière ce samedi contre le Racing 92. Bonnaire, Trinh-Duc et Cudmore livrent leurs anecdotes sur le n°9 du Stade Français. Julien Bonnaire : «Il aimait le chocolat !»

(75 sélections avec le XV de France, coéquipier de Parra en sélection, à Bourgoin puis à Clermont)

«Je me disais ''il était temps'', il fallait bien qu'il s'arrête, il commence à être un peu vieux, non ? (rires). Je pensais qu'il avait arrêté il y a déjà deux trois ans mais non, il s'accrochait (rires). Je rigole bien sûr. Il y a un moment qu'il était sur le circuit. Ce n'est pas forcément le mental qui a compté mais plutôt la préparatio­n physique, la musculatio­n… Ça me pesait à moi aussi quand j'ai arrêté. Il a eu une magnifique carrière. Je l'ai vu débuté puisque j'étais son capitaine à Bourgoin alors qu'il avait à peine 18 ans. Je l'ai côtoyé en chambre, en équipe de France puis à Clermont. On a partagé beaucoup de grands moments et même des déceptions sur certains matches. Il a toujours été très régulier et surtout très peu blessé. Et pourtant, ce n'est pas un joueur qui se ménageait ! Il aimait le chocolat comme on dit, il ne s'échappait pas en défense… Il était toujours là pour mettre l'épaule quand il le fallait. Son niveau de jeu a été parfait tout au long de sa carrière. Au niveau de son caractère, il a toujours été autoritair­e avec ses avants. À 17-18 ans, il l'était déjà. Il avait ça naturellem­ent comme l'ont tous les grands 9. Nous, on avait envie de le suivre. Il a enchaîné les matches, il a pris de l'expérience puis, face aux perches, il était impression­nant.»

Leur relation : «Elle est toujours très bonne. On a toujours bien discuté. Je l'apprécie beaucoup. Pour ses qualités sportives bien sûr mais humaines avant tout. J'apprécie son côté franc. Quand il a quelque chose à dire, il le dit. Je préfère quelqu'un comme ça plutôt que quelqu'un qui va parler dans notre dos. Même s'il est à Paris, je le suis et je l'ai régulièrem­ent au téléphone.»

Sa principale qualité : «C'est un battant. Il ne lâche jamais rien. Il a cette mentalité de gagnant.»

Son plus gros défaut : «Par contre, il avait un sacré caractère ! Ce n'est pas nouveau (rires). Parfois un peu trop…»

L'anecdote : «Nous étions souvent partenaire­s en chambre. Lorsque je dormais, il rentrait et il faisait un bruit pas possible comme s'il était tout seul. Ça m'agaçait un peu (rires). Il regardait la télé alors que je voulais dormir, il s'endormait ensuite et faisait tomber la télécomman­de… Il était dans son monde. Plusieurs fois, je l'ai maudit mais ces souvenirs restent gravés.»

François Trinh-Duc : «Malgré nos forts caractères, on ne s'est jamais engueulé»

(66 sélections avec le XV de France, coéquipier de Morgan Parra en sélection)

«Je n'ai pas été étonné par l'arrêt de sa carrière ! Je connais bien Morgan, je l'ai vu récemment avant les fêtes de fin d'année. Morgan a toujours eu cette passion pour l'entraîneme­nt, l'organisati­on et les projets de jeu. C'est quelqu'un qui sait ce qu'il veut et qui met tout en oeuvre pour y arriver. C'est un gagneur, un compétiteu­r. Il ne doit beaucoup de choses qu'à lui-même. Il mérite amplement ce palmarès, cette carrière et puis également ce repos.»

Leur relation : «Quand on se croise, on fait comme si on s'était vu la semaine dernière. On discute de sa vie, de l'après, de sa vie parisienne, de sa vie familiale, sa reconversi­on et ses projets qu'il mène de front…» Sa principale qualité : «Morgan, c'est quelqu'un de très attachant, qu'il faut apprendre à connaître. Il est fidèle en amitié.»

Son plus gros défaut : «A contrario, même si ça peut être considéré comme une qualité et encore plus à son poste, c'est qu'il est têtu ! On a appris à se connaître dans des conditions où on était les plus jeunes et où on avait un rôle important à la charnière. Il a fallu s'imposer autour de joueurs de légende. On a dû piloter tout ça et on s'est très bien entendu. C'est ce qui a fait notre force.»

L'anecdote : «Sur le terrain, je n'ai pas de souvenir de moments où on s'est engueulé alors que bon, on a de forts caractères et on sait dire les choses. Je ne me souviens pas de moments où on a pu se prendre la tête. En dehors, on a vécu de très belles expérience­s avec notamment quelques troisièmes mi-temps que l'on peut raconter ou non… Mais il y en a eu des bonnes que ce soit en Écosse, en NouvelleZé­lande ou partout dans le monde (sourire). On a passé pas mal de temps à débriefer les matches et à passer du bon temps ensemble. Ça faisait partie de nos points communs de profiter de ces moments car on savait qu'une carrière passait vite et qu'on était des privilégié­s.»

Jamie Cudmore : «Morgan mettait son corps sur sa ligne chaque week-end»

(43 sélections avec le Canada, coéquipier de Morgan Parra à Clermont de 2009 à 2016)

«J'ai l'impression que ces derniers temps, beaucoup de grands joueurs arrêtent. Mais Morgan, ça reste évidemment particulie­r. On avait une bonne relation, c'était un peu le joueur que, nous les gros, on devait protéger et qu'on freinait parfois quand il le fallait. Il arrivait au bout de sa carrière de joueur mais dans le futur, il pourrait devenir un excellent entraîneur. C'était un super joueur et surtout un grand compétiteu­r. Il mettait son corps sur sa ligne chaque week-end même s'il ne pesait pas 115kg. C'est justement dommage qu'il n'y ait pas eu plus de joueurs de 100 kilos avec le tempéramen­t de Morgan. Lui, il avait cette culture de la gagne. S'il fallait déblayer ou plaquer le plus gros, il s'y filait. Il ne s'échappait jamais. Buteur, plaqueur… Il s'en foutait, il savait tout faire.»

Sa principale qualité : «Il veut jouer tout le temps, à tout. Même s'il s'agit de jouer aux cartes dans le bus. Il veut jouer, mais surtout, il veut gagner.»

Son gros défaut : «Du fait de vouloir tout le temps jouer, il est parfois un peu frustré. Sinon, Il est têtu (rires). C'est peut-être son côté portugais (rires). Mais il faut être têtu ! De toute façon, tous les hommes le sont...»

L'anecdote : «J'en ai une lors de mon dernier match au Michelin (2016). En plus, c'était contre le Stade Français. Je me suis lancé pour faire un déblayage dans un ruck et, au dernier moment, Morgan et un joueur de Paris au sol se tournent et moi je flingue Morgan comme il faut à l'épaule. Je lui ai dit ''oh pu **** désolé''. Mais deux-trois phases de jeu après, on a réalisé une jolie combinaiso­n en touche et j'ai servi Morgan pour l'essai. Juste avant j'ai failli lui briser les côtes et pour m'excuser je lui offre une passe pour l'essai (rires). Il était calme avec les gros et moi car plusieurs fois, je me suis interposé face aux avants adverses qui voulaient le découper (rires).»

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XAVIER LEOTY / AFP Morgan Parra le 28 mai contre le Stade Rochelais en Top 14.

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