PSG : Luis Enrique, Mbappé, Vitinha, Marquinhos… Les hommes forts de la remontada parisienne
DÉCRYPTAGE - Battu à l'aller, le PSG a trouvé les ressources pour renverser le Barça mardi, en Catalogne. La victoire d'un collectif, avec des maillons plus forts que d'autres.
Ils l’ont fait. Comme en 1995, 2020 et 2021, le PSG s’est invité dans le dernier carré de la Ligue des champions mardi, en renversant le Barça au stade de Montjuïc (1-4). Rendez-vous est pris avec Dortmund pour une place en finale. Après une défaite 2-3 à l’aller, au Parc des Princes, ce n’était pourtant pas gagné… Surtout que les hommes de Xavi ont marqué les premiers au retour, dès la 12eminute.«C’est difficile de jouer dans ces conditions, mais on est restés tranquilles, on a marqué, on a gagné 4-1… C'est incroyable», souligne l’excellent Vitinha, buteur à l’aller et au retour. «On a fait un super match en équipe, félicitations au groupe», lance Kylian Mbappé, auteur d’un doublé mardi. «On a mis l’intensité qu’on n’a pas mise à l’aller, on était mieux dans la tête, aussi. Il y a un vrai collectif. On travaille tous ensemble, offensivement et défensivement. Quand on joue comme ça, on est inarrêtables», assure le jeune (21 ans) Bradley Barcola, détonateur parisien lors de la première période.
Cette victoire, c’est celle d’un groupe, d’un collectif, à l’image de ce que souhaitait la direction parisienne à la fin de la cataclysmique saison 2022-2023 et de ce que Luis Enrique met en place depuis le début de la campagne 2023-2024. Mardi, certaines individualités ont tiré l’équipe parisienne vers le haut, dans ce match qui a basculé à la 29eminute, lors de l’expulsion du Barcelonais Ronald Araujo.Xavi a eu beau parler d’un «arbitrage bizarre», il n’y a pas grandchose à reprocher aux coups de sifflet de M. Kovacs. Paris l’a emporté à la loyale, contrairement au Barça lors de la remontada de 2017 par exemple… «Même sans l’expulsion, on aurait gagné le match», promet Luis Enrique. Peut-être que oui, peut-être que non. C’est la magie du football: un match peut changer du tout au tout en un instant. Encore faut-il saisir la balle au bond. Les Parisiens l’ont fait, eux qui continuent leur route en C1 et peuvent encore rêver à un incroyable triplé, avec le championnat qui sera vite scellé et la finale de la Coupe de France le 25 mai, face à Lyon. » LIRE AUSSI - Ligue des champions : roi de la remontada, Luis Enrique a donné un mental et du coeur à ce PSG
Luis Enrique, l'architecte
Dominé par Xavi à l’aller, Luis Enrique a touché les dividendes de son travail mardi. «C’est le meilleur coach du monde», s’enflamme Nasser Al-Khelaïfi, quand Vitinha évoque un entraîneur «incroyable». Le plan tactique était «parfait», comme le relève Ousmane Dembélé. Respecté par les joueurs, adoubé par la direction, «Lucho» dispose d’un pouvoir dont ses prédécesseurs n’auraient même pas osé rêver en termes de management. Il s’en sert à bon escient. Mais le vrai cadeau qu’il a fait au PSG et aux Parisiens, c’est le mental, la force collective, la sérénité qu’il transmet. Après «deux jours difficiles» dans les têtes, suite à la défaite au Parc, il a notamment travaillé sur l’aspect mental. «J’ai vu quelque chose que je n’avais jamais vu en 13 ans», souligne «NAK», évoquant un groupe au sein duquel «tout le monde est ensemble, tout le monde se bat les uns pour les autres». Une équipe à Paris. Équipe qui n’a pas les yeux qui tremblent. Nouveauté.
«Il nous apporte beaucoup, notamment en termes de tactique, mais le plus important, c’est le mental, la façon de nous parler, de nous faire croire que tout dépend de nous. Il a beaucoup de mérite dans cette qualification. Il faut le dire, c’est un coach incroyable», jure Vitinha. À défaut d’avoir «une boule de cristal», le technicien espagnol de 53 ans, architecte de la remontada barcelonaise face à Paris en 2017, a su insuffler cette confiance à ses joueurs, cette certitude que tout est possible. «Le résultat du match aller n’était pas juste. On savait qu’il se passerait des choses, qu’il y aurait des buts au retour, il fallait y croire. Les joueurs y ont cru. C’est le bonheur», jubile l’ancien sélectionneur de l’équipe d’Espagne, espérant que, contrairement à celle de 2017, cette remontada «servira au club, la première n’ayant pas servi à remporter la C1. J’espère qu’on arrivera en finale», le 1er juin, à Wembley.
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Vitinha, l’accélérateur de particules
Exit Leo Messi, Neymar Jr, Marco Verratti. Le PSG a joué à chamboule-tout l’été dernier, mettant en place un projet tourné vers la jeunesse, le collectif. Fini les starlettes incoachables. Au sein du nouveau PSG, il faut mériter sa place, faire les efforts pour l’équipe et rentrer dans le moule «made in Luis Enrique». Polyvalence, technique balle au pied, faculté à répéter les efforts sont autant de prérequis. S’il y a bien un joueur qui profite de cette nouvelle politique, qui la symbolise, c’est Vitinha. Dans l’ombre des stars hier, le Portugais a pris son envol. Indispensable, que ce soit en relayeur ou en sentinelle.Précieux dans la construction, sérieux à la perte du ballon, il a en plus le mérite d’apporter le danger offensivement, ce que Verratti n’a jamais su faire. Auteur du but du 2-1 face au Barça, «Viti» en est à 11 réalisations au total en 88matches en Rouge et Bleu. Autant que l’Italien en… 416 rencontres ! «C’est clair que je joue mieux. Mais le contexte est différent aussi. L’équipe joue mieux et on est tous meilleurs. Je suis très heureux d’être mieux cette année. Je marque plus, et ça donne forcément plus de visibilité aussi», constate le milieu international portugais (15 sél.) de 24 ans. » LIRE AUSSI - Mbappé déclare sa flamme au PSG : «Je suis fier d'être ici depuis le premier jour»
Le trio DembéléMbappé-Barcola, trop vite, trop fort
«J’espère qu’on n’a pas encore vu le trio offensif le plus fort», disait Luis Enrique fin janvier, au sujet de l’association Mbappé-Dembélé-Barcola. Finalement, ce sont bien eux qui ont fait la différence mardi, à commencer par le plus jeune et inexpérimenté des trois, Bradley Barcola. Arrivé dans la peau d’un joker de luxe l’été dernier, pour 50M€, après seulement six bons mois à Lyon, l’ailier de 21ans a fait très mal au Barça sur le côté gauche.Moins ciblé que ne l’était Mbappé à l’aller, il a multiplié les différences en première période, provoquant l’expulsion d’Araujo (29e) et offrant le premier but parisien sur un plateau à Dembélé (40e). Sans lui, pas de remontada. Son impact a été conséquent. Celui de «Dembouz» aussi. Et ce malgré un accueil frisquet de son ancien public. «Je ne vais pas changer mon jeu pour des sifflets. Je suis resté concentré, j’ai tout donné, j’ai marqué, j’ai obtenu un penalty… Je suis content de ma performance», savoure l’ailier des Bleus, qui n’avait scoré qu’une fois cette saison avant les quarts de C1.
Quid de Mbappé? Attendu au tournant après une triste performance à l’aller, le champion du monde 2018 a répondu présent. Pas content, doublé! Le penalty du 3-1, un but de renard pour le 4-1. «KM» n’a pas réalisé le meilleur match de sa carrière, mais il s’est montré décisif, ce qu’on lui demande. Mais pas que. «Il a été le leader indiscutable de l’équipe. Il faut voir la pression que les attaquants ont mise dans ce match. Chapeau! Le leader donne l’exemple et quand Kylian transmet cela, on est bien meilleurs», analyse Luis Enrique, qui a pris son numéro7 dans les bras comme s’il s’agissait de son propre enfant à la fin du match. Enterrée, la hache de guerre. L’aventure européenne au PSG du futur Madrilène Mbappé va donc se poursuivre au moins jusqu’à début mai. Et plus si affinités. «Je rêve de gagner la Ligue des champions avec Paris», martèle-t-il, soulignant la «fierté» qui est la sienne de «représenter le club de la capitale de (son) pays. C’est quelque chose de spécial (pour) moi qui ai grandi ici… On a passé une étape de plus, il faut rester tranquilles.»
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Marquinhos, le précieux cadre
Retour vers le futur. Un soir de mars 2022, à SantiagoBernabeu, face au Real, Marquinhos s’était perdu. On ne l’a jamais retrouvé depuis. Pas vraiment. Pas tout le temps. Pas sur la durée. Fracture du moral. Confiance ébranlée. Envolé, le «Marqui» sur lequel on peut compter match après match pour donner le meilleur de lui-même, ultrarégulier, toujours au top. Envolé le «Marqui» guerrier qu’on voyait dans un état second avec Thiago Silva au Parc des Princes, lors de la victoire contre Liverpool, en 2018 (2-1).C'est pourtant celui-là qu’on a vu mardi au stade olympique de Montjuïc, propre et efficace dans ses interventions, comme possédé, après ses deux sauvetages en fin de rencontre, qui replace, houspille, engueule ses coéquipiers quand le besoin s’en est fait ressentir. En résumé, Marquinhos a assumé son statut de cadre, de cador et de capitaine, mardi. Forcément, ça change tout. Avec le joueur le plus capé de l’histoire du club (437 matchs en Rouge et Bleu) à ce niveau, le Paris Saint-Germain peut voir venir.