Le Figaro Sport

Ligue des champions : roi de la remontada, Luis Enrique a donné un mental et du coeur à ce PSG

- Christophe Remise

HUMEUR - Au-delà du talent de ses individual­ités, le PSG l'a emporté grâce à son mental, sa foi, son coach mardi soir, à Barcelone (1-4). Luis Enrique n'y est pas pour rien…

«J'ai vu quelque chose que je n'ai pas vu depuis 13 ans», savoure Nasser Al-Khelaïfi, saluant ainsi l'état d'esprit collectif d'un PSG où tout le monde est «ensemble», tout le monde «se bat les uns pour les autres». Le président parisien a également mis en avant les qualités de l'architecte de cette équipe new-look, Luis Enrique, «meilleur entraîneur du monde» selon son évaluation. Une chose est sûre : le coach espagnol a donné un mental et du coeur à cette équipe, c'est indéniable. Hier encore, le PSG se serait désagrégé après ce but de la 12e minute. À ce moment-là, Paris en avait donc deux de retard face au FC Barcelone, vainqueur 3-2 à l’aller. Mais cette fois, il n'y a pas eu de naufrage, pas de débandade, pas de fiasco. Tout l’inverse (victoire 4-1).

Les Parisiens ont su garder la tête haute, ils y ont cru, et ils ont eu raison d'y croire. Luis Enrique n'y est pas pour rien. Il y a les aspects tactiques évidemment. C’est évidemment le nerf de la guerre. Et ce n'est pas anodin quand un joueur comme Ousmane Dembélé dit ce qu'il a dit sur Canal+ : «On a travaillé tactiqueme­nt toute la semaine avec le coach et sa tactique était parfaite.» La tactique oui, mais aussi tout le reste, ce qui ne se voit pas, ne se touche pas, ne se compte pas, mais qui a tant d’impact, le mental, la tête, le coeur. Tout ce qui manquait au PSG à la sauce galactique ces dernières années. À Paris, on se reposait en effet sur l'idée qu'une star allait forcément réaliser un tour de magie. Leo Messi est parti. Neymar est parti. Marco Verratti est parti. Kylian Mbappé n'est pas ménagé. Du coup, chacun doit en faire plus, à l'image de Vitinha, dans l'impossibil­ité de s'exprimer aux côtés des stars l'an passé et qui ose désormais. Il a encore marqué mardi. » LIRE AUSSI - Les notes du PSG à Barcelone : le trio Dembélé-Barcola-Mbappé fait mal, Marquinhos en guerrier, Vitinha précieux

Une équipe à Paris. Un mental à Paris. Parce que ce n'est pas le tout de jouer en équipe. Il faut avoir la certitude que tout est possible, il faut y croire. Luis Enrique, qui a le respect de son groupe contrairem­ent à son prédécesse­ur sur le banc parisien, Christophe Galtier, parvient à toucher ses joueurs, à appuyer sur les

bons boutons. «Il est incroyable, il nous apporte beaucoup, en termes de tactique… Le plus important, c'est le mental, la façon de nous parler, qu'il nous fait croire que tout dépend de nous. C'est incroyable… Il a beaucoup de mérite dans cette qualificat­ion. Il faut le dire, c'est un coach incroyable», s'est enflammé ledit Vitinha après la rencontre, aussi sur C+.

On ne saura jamais si le PSG aurait aussi composté son billet pour les demi-finales si Ronald Araujo n'avait pas été expulsé à la 29e minute. «Tout est plus dur quand vous jouez à 10

contre 11», souffle Jules Koundé. N'empêche, Paris l'a fait, le Paris de Luis Enrique. Ce dernier a d'ailleurs choisi de ne pas trop innover cette fois, avec une compositio­n de départ assez classique. C'est bien aussi de ne pas chercher l'innovation pour l'innovation… Toujours est-il que ce Paris Saint-Germain là fait plaisir à voir, après des années de désillusio­ns à répétition. En voyant Marquinhos dans un état second en fin de match, après ses sauvetages dans la surface, on repensait au «Marqui» du match contre Liverpool (21), en 2018, c'est-à-dire bien

avant son crash sur le terrain du Real Madrid, en 2022. Un symbole de ce PSG qui va de l'avant sans se poser de question, «sans spéculer» comme le dit Luis Enrique.

Et pourtant, Luis Enrique lui-même était tiraillé intérieure­ment. «C'était dur d'affronter le Barça sur le plan émotionnel pour moi... J'ai essayé de contrôler mes émotions au maximum. J'espère ne pas avoir à rejouer contre le Barça», soufflait-il après la rencontre, lui qui a été joueur et entraîneur au FC Barcelone et qui se dit, encore aujourd'hui, «culé», c'est-à-dire supporter blaugrana. Il a montré l'exemple à ses joueurs, celui d'être conquérant afin de s'offrir une remontada là où il en avait subi une en 2017.

» LIRE AUSSI - Barça-PSG : «Même sans l'expulsion, on aurait gagné le match», jure Luis Enrique

Cap sur Dortmund

L'entraîneur barcelonai­s à l'époque ? Luis Enrique. «Quand on est dans le foot comme joueur ou entraîneur, la plus grande satisfacti­on est de transmettr­e du bonheur aux gens par ton travail, c'est incomparab­le, c'est ce que j'essaie de transmettr­e aux joueurs. Je ne serais pas bête, je n'en choisirais pas une (entre 2017 et 2024). Elles ont été importante­s toutes les deux. J'espère que celle-ci servira au club, la première n'ayant pas servi à remporter la C1. J'espère qu'on arrivera en finale», lance le technicien espagnol de 53 ans. Il faudra pour cela écarter le Borussia Dortmund, tombeur de l'Atlético Madrid en quarts. Ce sera le 30 avril ou le 1er mai au Signal Iduna Park et le 7 ou 8 mai au Parc des Princes. Pour ce qui est de la finale de la C1, ce sera le 1er juin à Wembley.

Avoir un peu de réussite (la Real Sociedad plombée par les blessures, le rouge d'Araujo face au Barça, un tirage favorable jusqu'en finale), ça ne fait pas de mal non plus. Et ça change pour le Paris Saint-Germain, qui n'a que rarement été verni ces dernières années. Ça, ce n'est pas à mettre au crédit de Luis Enrique. Encore faut-il savoir profiter de ces éléments positifs. Avec les recettes du professeur Luis Enrique, c'est possible. Une équipe à Paris.

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REUTERS / Juan Medina Luis Enrique a su tirer sur les bonnes ficelles pour créer une équipe fiable.

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