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PSG : après une semaine parfaite, tous les voyants sont au vert à Paris

- Christophe Remise

DÉCRYPTAGE - Vainqueurs de Barcelone mardi et de Lyon, dimanche, sur le même score, 4-1, les Parisiens attaquent le sprint final de la saison dans des dispositio­ns idéales.

«Nous serons beaucoup plus forts en février.» Voilà ce que déclarait Luis Enrique en décembre dernier, après un match nul à Dortmund (1-1). Un nul qui permettait au PSG d’accéder aux 8es de finale de Ligue des champions. À l’époque, la méthode Luis Enrique posait encore question. On se demandait où allait le navire PSG. «Les chiens aboient, la caravane passe», a souri le coach espagnol ce samedi. Force est de constater que «Lucho» avait vu juste. La preuve avec cette semaine parfaite, ponctuée par un succès 4-1 à Barcelone mardi en quarts de finale de la Ligue des champions, et une victoire sur le même score face à l’OL, dimanche, au Parc des Princes, lors de la 30e journée de Ligue 1.

«C’est vrai, on enchaîne deux très bonnes prestation­s, de très bons matchs, de très bons résultats. Il faut continuer sur cette lancée. On en parlait dans le vestiaire, on se disait qu’il ne faut rien lâcher maintenant. C’est le moment le plus important et décisif de la saison qui arrive», a souligné Marquinhos, honoré par le club après PSGLyon pour être devenu le joueur le plus capé de l’histoire du Paris Saint-Germain. Et de poursuivre: «Après, on a célébré, mais il faut continuer le travail parce qu’on a de très belles choses, très difficiles, à aller chercher. Il ne faut surtout pas se relâcher maintenant.»

Ce serait en effet dommage alors qu’il reste un peu plus d’un mois avant la fin de la saison.

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Planètes alignées

Surtout que les planètes sont alignées. La direction et le staff ont fait le maximum pour mettre les joueurs dans les meilleures dispositio­ns, et ces derniers répondent présent, mais il y a tout le reste. Appelez cela comme vous voulez, chance, réussite, coups de pouce du destin. Encore faut-il saisir ces occasions, évidemment. Paris a par exemple eu la main heureuse au tirage au sort, en Coupe de France mais aussi en Ligue des champions. Le PSG a hérité d’une Real Sociedad déplumée en 8es, avant ce cadeau de Ronald Araujo, expulsé, qui a tout changé face au Barça, au stade olympique de Montjuïc, en quarts de finale retour. Le tout en évitant Manchester City, le Real Madrid ou le Bayern Munich jusqu’en finale. On n’oublie pas non plus ce penalty généreux à la 97eminute contre Newcastle (1-1), alors qu’une défaite aurait mis les champions de France en titre en mauvaise posture. Comme si le Paris-SG, longtemps maudit, jamais aidé par les arbitres et encore moins épargné par les blessures, était de retour dans les bonnes grâces des dieux du football.

Dimanche, en tout cas, Paris n’a fait qu’une bouchée d’un OL cueilli à froid et mené 2-0 après… six minutes. Scénario idéal pour ce PSG multiforme. Dangereux sur les phases de possession, les contres et même les coups de pied arrêtés, les Rouge et Bleu ont fait vivre l’enfer à Lyon au cours de la première période. Loin de la philosophi­e dogmatique qu’on prêtait à «Lucho» lors de sa nomination en succession de Christophe Galtier.

«Au final, notre objectif est de tirer bénéfice de ce que nous donne l’adversaire, analyse l’ancien sélectionn­eur de la Roja espagnole. En fait,

tout dépend de là où se trouvent les espaces, on essaie de les repérer. Au fil des mois, on identifie les meilleures situations. Nous commençons à voir des situations de jeu que nous maîtrisons déjà et nous contrôlons ce que nous devons faire», ajoute-t-il, lui qui a de nombreux tours dans son sac.

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C’est d’ailleurs aussi vrai en termes de compositio­n de départ. Dimanche, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé ont assisté au succès parisien… sur le banc. «Ça montre la valeur de l’équipe, la qualité des joueurs qui sont rentrés, décrypte Marquinhos. Ça met aussi en valeur la philosophi­e du coach. Tout le monde est prêt. Avec ses séances, son discours, ses plans tactiques, tout le monde sait ce qu’il a à faire sur le terrain. Après, peu importe le joueur qui est appelé à jouer, on essaie toujours de maintenir le niveau. C’est ce qui fait la différence.» Luis Enrique abonde: «On me disait encore dernièreme­nt que je fais six changement­s en moyenne d’un match à l’autre. Bien sûr, cela comporte des risques, mais je préfère avoir 23 joueurs concernés et pour cela, ils doivent jouer des matchs importants», explique-t-il, exposant son désir de faire progresser son équipe «collective­ment et individuel­lement».

Jusqu’ici, c’est un sansfaute. Et malgré la communicat­ion modeste de Nasser al-Khelaïfi depuis le début de la campagne, le PSG peut, plus que jamais, rêver plus grand. «On a une fin de saison avec de beaux objectifs à aller chercher. Le championna­t, il est là, c’est ouvert. On va aller chercher ce titre. La finale de Coupe de France, elle est là, on va aller la chercher. Et la Ligue des champions, elle est là, on va aussi aller la chercher», jure « Marqui ».

Pour ce qui est de la C1, il faudra écarter Dortmund en demies (1ermai et 7mai) avant d’affronter le Real ou le Bayern lors d’une potentiell­e finale (1erjuin). La Coupe de France, ce sera le 25mai à Lille, contre Lyon. En ce qui concerne le championna­t, le suspense est (très) limité. En cas de victoire ce mercredi à Lorient, combinée à un nul ou une défaite de l’AS Monaco contre Lille, le club de la capitale actera l’obtention de ce qui sera le 12etitre de son histoire en Ligue1. Une campagne lors de laquelle Luis Enrique a pu expériment­er un certain nombre de choses, collective­ment, individuel­lement, et profiter de la profondeur de son effectif. Moins de stars? Oui, mais un groupe complet et à l’écoute, avec des garçons comme Gonçalo Ramos pour briller sans se poser de questions. Non utilisé à Barcelone, l’attaquant portugais s’est fendu d’un doublé dimanche. En plus de tout de ce qu’il apporte. Un symbole.

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Luis Enrique a l'embarras du choix

Luis Enrique dispose ainsi de nombreuses options à tous les postes, avec tout de même des locomotive­s, de Kylian Mbappé à Marquinhos, en passant par Vitinha, Achraf Hakimi et Lucas Hernandez. Bradley Barcola fait partie des valeurs sûres aussi. «Nous arrivons au moment clé de la saison dans notre meilleur moment et, surtout, avec de nombreuses options, car il peut toujours y avoir une suspension ou une blessure», glisse Luis Enrique, très satisfait.

Et de poursuivre au sujet de ce PSG aussi à l’aise dans le contrôle que dans la transition, comme on l’a vu lors de cette partie bien maîtrisée face à un OL qui était pourtant en forme: «Ce mélange de domination et de profondeur fait de nous une équipe plus difficile à jouer.» À voir si cette formule permettra d’aller au bout dans toutes les compétitio­ns. En attendant, tous les voyants sont au vert au PSG, y compris l’infirmerie, vide. Attention toutefois: comme le répète à l’envi Luis Enrique, «la frontière est mince entre la victoire et la défaite». En attendant, tous les espoirs et les rêves sont permis pour Paris.

s'occupe de cela. En plus, ce n'est pas le moment, même si ce n'est en fait jamais le moment de parler de recrutemen­t... Je suis en tout cas très heureux d'avoir un joueur aussi jeune que lui avec son expérience, ses prédisposi­tions et ses qualités. Il a été important tout au long de la saison, il a joué plus ou moins, il y a eu des hauts et des bas, mais toujours avec une bonne performanc­e et de très bons résultats. C'est forcément positif d'avoir des numéros 9 comme Randal Kolo Muani ou Gonçalo Ramos pour un entraîneur et je suis donc un très heureux, comme le serait n'importe quel coach avec ce genre de profils de joueur.»

Le quadruplé en ligne de mire

: «Une motivation supplément­aire ? Sans aucun doute. C'est évidemment une motivation de faire quelque chose qui n'a jamais été fait en France et surtout marquer l'histoire de notre club, pour les supporters, la ville, et si c'est pour le pays aussi, tant mieux. Ça nous motive, mais on n'a remporté qu'un titre jusqu'ici. Il faut encore gagner le championna­t et ensuite continuer à lutter en L1 parce que les adversaire­s méritent qu'on soit à la hauteur et qu'on donne tout, et je n'ai aucun doute qu'on le fera. Ensuite, il y aura la finale de la

Coupe de France contre l'OL, et une finale est toujours un match singulier et difficile. Et la demi-finale de Ligue des champions face à Dortmund, une équipe qu'on connaît très bien. On est là où on voulait être mais le chemin est encore long et sinueux, il faudra être très concentré afin d'atteindre tous nos objectifs.»

Le mélange transition/possession

: «C'est beaucoup plus simple que ça en a l'air. Je veux que les matches soient contrôlés, mais par exemple le match face à Lyon reflétait un peu le football actuel. On a marqué très tôt et après, on a marqué de manière stratégiqu­e, on peut marquer dans le jeu direct comme face au Barça. Il y a aussi eu le but de Lucas Beraldo (sur corner), ou celui sur le centre de Achraf Hakimi (tête de Ramos) face à un bloc bas... On a aussi eu des transition­s plus courtes parce qu'on était pressé par l'adversaire. Il faut être capable de dominer dans tous les espaces, tous les registres. Pour le faire, il faut de très bons joueurs, capables d'identifier toutes les situations. Ce dernier match a vraiment reflété toutes ces situations. On peut marquer en contre ou sur de petits espaces... C'est le football moderne : quand tu affrontes un adversaire peut-être un peu plus faible, il aura tendance à être plus serré. Mais une équipe comme Dortmund va presser, jouer plus haut. Il faut avoir des joueurs qui ont tous les registres. Ce que j'aime le plus ? Contrôler le match, que mon adversaire n'ait aucune possibilit­é de marquer, de tirer, mais à ce niveau, c'est presque impossible. Mon idée est assez claire. Les joueurs ont accepté et assimilé mes concepts et je suis content de ce que je vois.»

Le 11 face au Barça pour les gros matches à venir

: «Quand un entraîneur comme moi a un effectif aussi varié, avec tant de joueurs en forme qui ont envie de jouer... Je fais attention à ce que je vois lors des matches, mais aussi aux entraîneme­nts. En fonction de l'adversaire, le profil des joueurs adverses peut faire la différence. Je sais que vous aimez parler de 11 type. Je vois les choses de manière différente. C'est mieux pour le groupe que les joueurs aient la sensation que ce qu'ils font à l'entraîneme­nt est important aussi. Évidemment, en match aussi, encore plus en fait. Mais pour la santé du groupe, il est important qu'on ait une grosse vingtaine de joueurs disponible­s. C'est ce qu'on veut. À l’heure actuelle, tout le monde peut jouer, tout le monde peut être protagonis­te dans les matches. J'essaie vraiment de les motiver pour qu'ils soient prêts, que ce soit pour la finale de la Coupe de France ou les demies de Ligue des champions. Au final, ce sont parfois des joueurs qui ont eu moins de temps de jeu qui débloquent les situations...»

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La préparatio­n mentale

: «Préparer un joueur pour la compétitio­n, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. On sait d'emblée que tout ne peut pas être parfait dans la vie, il faut être prêt à affronter des difficulté­s, et c'est aussi vrai dans le sport que dans la vie, le travail... C'est beaucoup plus simple si on est préparé. Si tout se passe bien, tu peux être content, fêter cela... Mais s'il y a des difficulté­s, tu es prêt, tu l'as déjà pris en considérat­ion. Nos supporters sont uniques. Je n'avais jamais vu des supporters qui te soutiennen­t autant quand tu perds. Généraleme­nt, quand tu perds, quand tu es mené, les supporters sont plus silencieux et ne te poussent que lorsque tu marques. Ici, ce n'est pas le cas. On l'a vu contre Newcastle, face à Nice... On voit des choses qu'on ne voit pas dans d'autres stades. Dans tous les cas, une équipe doit toujours être prête pour les moments difficiles. Et on a eu des moments plus faibles au cours de la saison. En arrivant à Dortmund par exemple, il fallait l'emporter. On a continué à pousser, on a marqué. Ça permet d'avoir une mentalité très positive. On en parle. Quand les matches importants arrivent, contrôler les émotions est quelque chose de vital, ne pas être frustré par une décision arbitrale, une occasion manquée, un moment négatif.»

Le match à Lorient : «Ce sera un match très difficile. Quand tu es en bas du classement, tu n'as pas grand-chose à perdre. Ce sera le cas de Lorient ou du Havre (samedi). Si on pense que ce sera un match facile, on se trompe, ce sera un match très compliqué. Les mal classés réussissen­t à obtenir des résultats inattendus lors des dernières journées. Il faut s'attendre à un match difficile, lors duquel il y aura de nombreux enjeux. On aura la possibilit­é de gagner le titre (en cas de nul ou de défaite de Monaco, NDLR), c'est une motivation suffisante pour être très attentif.»

Kylian Mbappé sur le banc contre Lyon (4-1) dimanche dernier

: «Ça aurait été la première fois qu'on ne m'aurait pas posé de question sur Mbappé (sourire). Quand il parlera publiqueme­nt, je ferai de même.»

Propos recueillis en conférence de presse.

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GUILLAUME BAPTISTE / AFP On n’arrête plus le Paris Saint-Germain, vainqueur facile de Lyon dimanche.

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