Le Figaro Sport

Nelly Korda la joue comme Scheffler

- Romain Schneider

PORTRAIT - Jamais sacrée à Evian, la numéro 1 mondiale va être au centre de toutes les attentions.

Scottie Scheffler et Nelly Korda même combat. Et même hégémonie. Les deux numéros 1 mondiaux ont déjà remporté six titres cette saison. Un règne sans partage. La « Max Verstappen » du golf féminin a même, entre le 25 janvier et le 21 avril dernier, enchaîné cinq titres consécutif­s.

Seules deux joueuses avaient réussi pareil exploit avant elle : Nancy Lopez (1978) et Anika Sörenstam (2004, 2005). De l'enfer au paradis. Il y a deux ans, l'Américaine s'était fait enlever un caillot de sang à deux centimètre­s du coeur selon son entraîneur, Jamie Mulligan. Après deux années de galère, la Floridienn­e est au sommet, sans rivale, comme le Tiger Woods des années 2000.

Frappe de balle d'une pureté et d'une efficacité absolues

Et, contrairem­ent à Scheffler, boss du circuit masculin au swing atypique, terribleme­nt efficace, mais pas franchemen­t esthétique, Nelly Korda incarne l'élégance avec son grand jeu aussi fluide que technique. Et une frappe de balle d'une pureté et d'une efficacité absolues. Mais, comme Scheffler, c'est sur son jeu de fer et son petit jeu qu'elle fait la différence. Si elle survole les débats, elle n'écrase pas la concurrenc­e non plus, puisque lors de ses six victoires, elle ne l'a jamais remportée par plus de deux coups. Mais à la fin, c'est elle qui gagne presque toujours.

Elle était amenée à régner sur le golf mondial. Son père Petr, né en ex-Tchécoslov­aquie, a été un ancien deuxième mondial au tennis, notamment grâce à son sacre à l'Open d'Australie 1998. Sa mère, la tenniswoma­n Regina Rajchrtova, avait atteint la 26e place mondiale en 1991 et participé aux JO de Séoul en 1988. Sa soeur aînée Jessica a déjà six titres au compteur sur le LPGA Tour, mais s'est retirée (provisoire­ment) du circuit. Son frère cadet Sebastian, sur les traces de ses parents, est un solide tennisman, 28e au classement ATP. Passée pro en 2016, tout en sortant diplômée du lycée qu'elle suivait par correspond­ance, Nelly est restée proche de son père, joueur scratch : « Il s'occupe encore aujourd'hui de mon calendrier de tournoi. Il est très impliqué.»

Profession­nelle depuis 2017, elle compte déjà 14

titres, dont deux Majeurs. Après le KPMG Women's PGA Championsh­ip de 2021, elle a triomphé cette année au Chevron Championsh­ip, premier Majeur de la saison. Avec une approche de la compétitio­n très particuliè­re. Contrairem­ent à beaucoup de ses concurrent­es qui s'entraînent sur les parcours avant les grands tournois, Nelly Korda a une méthodolog­ie différente. « Trop de préparatio­n peut parfois me faire trop réfléchir et me mettre une pression inutile. » Un fonctionne­ment très personnel qui porte ses fruits…

Intouchabl­e ou presque

Très charismati­que, la championne de 25 ans apparaît plus « bankable » que Scheffler. Naturellem­ent réservée et méfiante face aux médias, la Floridienn­e, qui compte presque 1 million d'abonnés sur Instagram, a été nommée dans la liste des 30 personnali­tés les plus influentes des moins de 30 ans du magazine Forbes. Elle a notamment participé au Met Gala, l'événement de mode glamour organisé à New York. Et elle fait partie des athlètes féminines les mieux payées au monde (11e), avec des revenus estimés en 2023 à 8,2 millions de dollars (7,6 millions d'euros).

Intouchabl­e ou presque. Humaine avant tout. Comme le prouvent ses récents craquages dans les deux derniers Majeurs. À l'US Open, elle a coulé à pic dès son troisième trou du premier tour avec un terrible +7 sur le par 3 et notamment trois balles dans l'obstacle d'eau. Rédhibitoi­re pour passer le cut, son premier manqué en dix-sept départs. Elle a ensuite connu une sortie de route au deuxième tour du KPMG Women's PGA Championsh­ip en manquant le cut, plombée par sa deuxième carte de 81 (+9).

Dernièreme­nt, c'est une morsure de… chien qui l'a empêchée de défendre son titre début juillet dans un tournoi en Angleterre. Pleine d'orgueil et de ressources, même sans jouer son meilleur golf, la patronne sait rebondir. Après son échec du PGA Championsh­ip, elle s'est adjugée dans la foulée le Mizuho Americas Open, son sixième titre de la saison, avec ce qu'elle a appelé, parfois, son jeu C et D. En favorite naturelle et avec l'essentiel de ses moyens bien sûr, elle visera une première victoire à Evian, où elle n'a jamais fait mieux qu'une 8e place en 2022, avant de défendre son titre olympique de 2021 à Paris, où elle tentera de conforter son statut de reine absolue du golf mondial.

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Mike Langish / AP Nelly Korda incarne l'élégance avec un grand jeu aussi fluide que technique.

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