LaProvence coulée au champ d'honneur
Durant la Première Guerre mondiale, Français et Anglais ouvrent un front en Méditerranée. Après un échec cuisant dans les Dardanelles, ils s'attaquent au secteur de Salonique.
Dans le civil, avant l'ouverture des hostilités en août 1914, LaProvence était un paisible transatlantique mis en service en 1906, appartenant à la Compagnie Générale Transatlantique (CGT), et affecté à la ligne Le Havre-New York.
Touché coulé
À l'ouverture des hostilités, en août 1914, le paquebot est réquisitionné et envoyé à l'arsenal de Cherbourg pour devenir croiseur auxiliaire. On le rebaptise alors ProvenceII. Un officier d'expérience havrais appartenant aux effectifs de la CGT, l'enseigne de vaisseau Marie Henri Vesco, prend son commandement. Le navire participe à la campagne meurtrière des Dardanelles contre les Ottomans en 1915. 26 février 1916. Voilà cinq jours que les Allemands ont lancé une immense offensive du côté de Verdun. ProvenceII vogue au large de la Grèce avec plus de 2 200 hommes à son bord, direction Salonique. À 15h, une violente explosion retentit : une torpille tirée par un sousmarin vient de heurter la poupe. On comprend presque immédiatement que tout est perdu. Il faut évacuer.
Actes d'héroïsme
Le commandant Vesco organise l'affaire comme il le peut, mais avec sang-froid. De son côté, le télégraphiste Eugène Pian, qui n'était pas de service, s'installe devant son poste de TSF et ne cesse d'émettre des appels de détresse. Ses camarades le prient de rejoindre les trop rares canots de sauvetage où l'on s'entasse péniblement. Mais il refuse et continue à envoyer des SOS. Il sauvera ainsi la vie à bien des camarades qui pourront être récupérés.
912 tués ou disparus
Lorsque la machinerie explose, ProvenceII se disloque et coule instantanément. Le tout n'a duré qu'une quinzaine de minutes. L’Amirauté sait vite que le bateau est perdu, mais l'information ne filtre dans les journaux que le 1 mars. Le Petit-Havre explique : « La triste nouvelle avait commencé à courir hier, mais la censure n'en avait pas autorisé la publication. » Déjà la foule se presse en quête de renseignements devant les bureaux de la Transat : beaucoup de Havrais composaient l'équipage. On recensera au total 912 tués ou disparus. Pian et Vesco sont du nombre.